L'ex-consultant de la NSA Edward Snowden semble devoir s'installer pour plus longtemps que prévu à l'aéroport de Moscou où il est confiné depuis quatre jours tandis que l'Equateur a annoncé que l'examen de sa demande d'asile pourrait prendre du temps.

«Snowden laisse partir un nouveau vol pour Cuba», a annoncé jeudi la télévision publique russe, alors que l'ex-consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine était censé prendre l'avion pour La Havane encore lundi, au lendemain de son arrivée présumée à Moscou.

Invisible depuis quatre jours déjà, Edward Snowden, qui se trouve dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou selon la version officielle russe, était censé partir à Cuba pour rejoindre ensuite l'Equateur à qui il a demandé l'asile politique.

Le prochain vol pour La Havane en provenance de Moscou n'est cependant prévu que samedi, selon le site de l'aéroport, et Snowden devrait rester à Cheremetievo au moins jusqu'à la fin de la semaine.

Le séjour dans la zone de transit de cet aéroport est limité en théorie à 24 heures, mais une loi russe permet d'octroyer un visa de transit de dix jours, renouvelable, à une personne n'étant pas en mesure de quitter la Russie en raison de «circonstances exceptionnelles», notamment une annulation de passeport, comme dans le cas de M. Snowden, écrit jeudi le quotidien russe Védomosti, en citant des avocats.

Ainsi, «Edward Snowden peut rester à Cheremetievo autant que nécessaire, jusqu'à ce qu'on trouve pour lui un pays où il sera en sécurité», souligne le journal.

«Mais peu de pays dans le monde n'auront pas peur d'une confrontation avec les États-Unis» qui réclament l'arrestation et l'extradition de M. Snowden et «la recherche (d'un pays où il sera en sécurité) peut prendre beaucoup de temps», ajoute-t-il.

L'Equateur, qui avait accordé en 2012 l'asile au fondateur de Wikileaks Julian Assange, a pour l'heure maintenu le suspense sur une demande similaire de M. Snowden.

Le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, a notamment indiqué mercredi que l'examen de cette demande pourrait prendre un jour ou des mois, après que le département d'État américain a «envoyé un message» au gouvernement équatorien, dont la teneur n'a pas été révélée.

L'Equateur a par ailleurs démenti avoir fourni un passeport ou un laisser-passer de réfugié permettant de voyager à Edward Snowden, contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment par M. Assange qui assure aider activement l'ex-consultant de la NSA.

Les États-Unis ne cessent de réclamer l'arrestation et l'extradition d'Edward Snowden depuis qu'il est arrivé à Moscou dimanche en provenance de Hong Kong, et menacent la Russie et la Chine de répercussions dans leurs relations avec Washington.

L'informaticien américain de 30 ans, qui s'était réfugié à Hong Kong en mai avant de faire des révélations fracassantes sur l'espionnage par l'Agence nationale de sécurité (NSA) de communications téléphoniques et Internet aux États-Unis et à l'étranger, encourt 30 ans de prison dans son pays où il est inculpé d'«espionnage».

La Maison Blanche a assuré mercredi que les responsables américains avaient des «discussions avec des responsables du gouvernement russe» sur Snowden et espéraient toujours qu'il serait expulsé vers les États-Unis.

Mais la Russie semble rester sourde aux appels de Washington, en excluant d'extrader cet «homme libre». M. Snowden «a le droit de partir où il veut, dans n'importe quelle direction (...). Nous n'avons rien à lui reprocher du point de vue juridique», a déclaré mercredi le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

C'est «un homme libre. Plus vite il choisira sa destination finale, mieux ce sera, et pour nous et pour lui», avait affirmé pour sa part le président russe Vladimir Poutine, lors d'une visite en Finlande mardi.

«Livrer Snowden aux États-Unis, c'est admettre sa faiblesse», a déclaré à l'AFP l'analyste Alexeï Malachenko du centre Carnegie de Moscou.

«Nous avons des problèmes réels dans nos relations avec les États-Unis, et cette affaire Snowden ne va que faire monter la tension, alors que personne n'en a besoin. Mais je ne pense pas qu'il puisse être expulsé», a indiqué l'analyste.

«Les autorités russes vont recourir maintenant à toutes sortes de subterfuges pour régler ce problème et à la fin, il s'avérera que Snowden n'est jamais venu en Russie ou qu'il s'est perdu», a-t-il estimé.