Edward Snowden, recherché par les États-Unis pour avoir divulgué des informations explosives sur les opérations américaines de surveillance électronique, est arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong et a demandé l'asile politique à l'Equateur.

Les États-Unis, où la justice l'a inculpé d'espionnage, ont révoqué son passeport et ont demandé que cet ancien collaborateur de la CIA et de l'Agence nationale de sécurité (NSA) soit empêché de poursuivre sa route.

Edward Snowden «ne doit pas être autorisé à continuer à voyager», a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'État, qui accompagnait en Inde le secrétaire d'État américain John Kerry.

M. Snowden semblait cependant se trouver dans la nuit dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou, et une source policière russe citée par l'agence de presse Interfax a estimé que l'Equateur pouvait lui délivrer le cas échéant un document de substitution.

«Le gouvernement de l'Equateur a reçu une demande d'asile de la part d'Edward Snowden», a déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino sur son compte Twitter, depuis le Vietnam. Il devrait donner une conférence de presse lundi à 07h00.

Edward Snowden a apparemment fait sa demande d'asile depuis la capitale russe, où selon des informations concordantes il est arrivé à bord d'un vol de la compagnie russe Aeroflot en provenance de Hong Kong.

Après avoir quitté son domicile de Hawaï, il s'était réfugié sur le petit territoire autonome chinois le 20 mai, d'où il avait publié ses informations.

Dans la soirée, le site WikiLeaks fondé par Julian Assange a annoncé que M. Snowden était «en route pour la République d'Equateur par un chemin sûr afin d'obtenir l'asile».

«Il est escorté par des diplomates et des conseillers juridiques de WikiLeaks», a précisé l'organisation dans un communiqué publié à Londres.

Selon des sources russes, le nom de Snowden figure sur un vol Aeroflot décollant lundi à 14h05 à destination de Cuba. Les mêmes sources affirmaient, avant que ne soit révélée sa demande d'asile à l'Equateur, qu'il rejoindrait ensuite le Venezuela.

L'Equateur a précédemment accordé l'asile au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, lui-même recherché par les États-Unis pour avoir publié en 2010 des centaines de milliers de documents diplomatiques confidentiels.

M. Assange, réfugié depuis un an à l'ambassade de l'Equateur à Londres pour échapper à une extradition, a apporté un soutien appuyé à Edward Snowden.

La justice américaine a indiqué qu'elle mènerait «la coopération policière adéquate» avec les pays où M. Snowden pourrait se rendre.

«La chasse est lancée», a déclaré sur la chaîne CBS Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain.

Le vol SU213 Hong Kong - Moscou de la compagnie russe Aeroflot dans lequel avait été enregistré Edward Snowden avec une collaboratrice de WikiLeaks a atterri dimanche peu après 17h00 heure locale à l'aéroport de Moscou-Cheremetievo.

M. Snowden, dont les États-Unis avaient réclamé en vain l'extradition à Hong Kong, n'a pas été vu parmi les passagers qui ont passé le contrôle des passeports au terminal F de l'aéroport.

Des journalistes de l'AFP ont en revanche vu devant le terminal une voiture diplomatique portant un drapeau équatorien, qui est repartie par la suite.

Une source aéroportuaire citée par l'agence Interfax a affirmé que l'Américain était resté dans la zone de transit, où se trouve un hôtel.

«Le passager Snowden est un passager en transit, son prochain vol est à destination de Cuba, il se trouve sur le territoire de l'aéroport», a déclaré cette source.

Le gouvernement de Hong Kong avait confirmé dimanche le départ de l'informaticien américain.

L'annonce du départ d'Edward Snowden pour Moscou, même pour un transit, a fait sensation, la Russie, dont les relations avec les États-Unis reprennent dernièrement des accents rappelant parfois l'époque de la Guerre froide, ayant indiqué qu'elle examinerait le cas échéant une demande d'asile politique du jeune Américain.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ne rien savoir de la destination d'Edward Snowden.

Le gouvernement de Hong Kong a justifié par des raisons juridiques la non-exécution de la demande d'arrestation d'Edward Snowden transmise par les États-Unis aux fins d'extradition.

Selon le gouvernement, les documents fournis par l'administration américaine n'étaient pas «totalement conformes aux exigences juridiques prévues par la loi de Hong Kong».

Un complément d'information a été sollicité, mais Edward Snowden a entre-temps décidé de quitter le territoire, et faute de dossier complété il n'y avait «aucun fondement légal pour empêcher M. Snowden de quitter Hong Kong», a déclaré le gouvernement.

Le département américain de la Justice a jugé la décision de Hong Kong «particulièrement troublante». «Les États-Unis sont déçus et en désaccord avec la résolution de Hong Kong de ne pas honorer la requête américaine d'arrestation du fugitif», a déclaré un porte-parole du département de la Justice.

Contredisant le gouvernement de Hong Kong, le porte-parole a affirmé que toutes les dispositions du traité d'extradition en vigueur entre le territoire autonome chinois et les États-Unis avaient été respectées.

Inculpé notamment d'espionnage, Edward Snowden  encourt 30 ans de réclusion.

Il a multiplié depuis le 5 juin les révélations sur la collecte par la NSA de données téléphoniques et internet aux États-Unis et à l'étranger.

Dimanche à Hong Kong, le Sunday Morning Post a assuré, en citant M. Snowden, que la NSA interceptait notamment «des millions de textos» envoyés sur les réseaux de mobiles chinois.

Pékin a réagi avec virulence à ces allégations. L'agence de presse officielle Chine nouvelle a qualifié les États-Unis de «plus grand voyou de notre temps» en matière d'attaques informatiques.

La Chine est «profondément préoccupée» par les cyber-attaques des États-Unis et a «émis des protestations auprès de la partie américaine», a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.

PHOTO MAXIM SHEMETOV, REUTERS