Pékin a réagi dimanche avec virulence aux allégations de l'ex-consultant informatique de l'agence de renseignement américaine Edward Snowden, inculpé par la justice des États-unis et qui multiplie les révélations sur le cyber-espionnage des États-Unis en Chine.

L'agence Chine nouvelle a qualifié les États-Unis de «plus grand voyou de notre temps» en matière d'attaques informatiques, alors que se précise la menace d'une procédure d'extradition depuis Hong Kong contre l'ex-consultant informatique.

Ces accusations «montrent que les États-Unis, qui ont longtemps essayé de se présenter comme une victime innocente des cyber-attaques, se sont révélés être le plus grand voyou de notre temps» dans ce domaine, selon l'agence officielle chinoise.

Edward Snowden fait l'objet depuis quelques jours d'une demande d'arrestation par les autorités américaines transmises aux autorités de Hong Kong où il s'est réfugié le 20 mai.

Les États-Unis, qui l'accusent de «trahison», veulent le poursuivre pour espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux, des infractions passibles de 30 ans de prison.

Le journal South China Morning Post, en contact avec lui, a affirmé samedi qu'il était dans un endroit «sûr» et n'avait pas été placé en détention. On ignore où se cache M. Snowden depuis qu'il a quitté son hôtel le 10 juin.

M. Snowden a été inculpé d'espionnage par les États-Unis, selon un document rendu public vendredi soir mais qui date du 14 juin, et Washington a demandé à Hong Kong de l'arrêter.

Le conseiller à la sécurité nationale d'Obama, Tom Donilon, a affirmé à la radio CBS que Hong Kong était «historiquement un bon partenaire des États-Unis en matière de sécurité». «Nous nous attendons à ce que (les autorités de Hong Kong) respectent le traité» d'extradition entre les deux pays, a-t-il dit.

Malgré l'existence du traité d'extradition, l'inculpation par la justice américaine n'est que la première étape d'une complexe procédure qui pourrait prendre des années et éprouver les relations entre les États-Unis et la Chine, Pékin disposant d'un droit de veto sur les extraditions depuis Hong Kong.

M. Snowden pourrait en outre demander l'asile au nom de persécutions politiques, ce qui ferait jouer une clause d'exception au traité.

Conformément à ses promesses, le flot des révélations de M. Snowden n'a pas tari depuis le 5 juin, date des premiers articles fracassants du Guardian et du Washington Post sur la collecte par l'Agence nationale de sécurité (NSA) de données téléphoniques aux États-Unis et des communications d'étrangers sur internet.

Le Sunday Morning Post a révélé dimanche que la NSA interceptait «des millions de SMS» envoyés sur les réseaux mobiles chinois.

La NSA, affirme M. Snowden, a aussi piraté en 2009 les serveurs de Pacnet, une entreprise basée à Hong Kong et qui gère l'un des réseaux de fibres optiques les plus étendus de la région, de même que la prestigieuse université Tsinghua à Pékin qui abrite les six principaux réseaux sur lesquels on peut accéder aux données internet de millions de Chinois.

«La NSA fait toutes sortes de choses, comme pirater des compagnies de téléphones portables chinoises pour voler tous vos SMS», a déclaré M. Snowden dans un entretien avec le Sunday Morning Post réalisé le 12 juin selon le journal.

Auparavant, le Guardian avait décrit un programme baptisé «Tempora», conduit par le centre britannique des écoutes (GCHQ), qui permet de recueillir des données internet et téléphoniques transmises par des câbles à fibres optiques.

M. Snowden «affirme avoir des preuves de ce qu'il avance», selon le journal qui dit avoir consulté des documents détaillant les attaques menées sur des ordinateurs à Hong Kong et en Chine, sur une période de quatre ans.

Selon des statistiques officielles citées par le journal, les Chinois ont échangé près de 900 milliards de messages textuels en 2012, soit 2,1% de plus qu'en 2011.

Edward Snowden évoque le piratage massif de l'université Tsinghua, établissement prestigieux qui compte parmi ses diplômés l'actuel président chinois Xi Jinping et l'ancien président Hu Jintao. Selon lui, le piratage de cet établissement était encore en cours en janvier dernier.