Trân Triêu Quân a connu plus que sa part d'épreuves au cours de sa vie, mais il a aussi joué un rôle important dans sa terre d'adoption, Québec.

Natif de Saigon (HoChiMinh-Ville), où il a commencé à pratiquer son art à l'âge de 12 ans, Trân Triêu Quân fonde sa première école de taekwondo à 17 ans, avant de venir étudier le génie à l'Université Laval en 1970.

En janvier 1973, à 21 ans, il termine son bac en génie mécanique à l'Université Laval, où il rencontre My Nguyen, qui arrive tout juste de Saigon elle aussi. Ils retourneront au Viêtnam en 1974 pour s'y marier, en pleine guerre.

Quân et son frère Lan, tous deux étudiants à Laval, tentent de faire venir le reste de la famille au Québec, mais le gouvernement vietnamien ne laisse personne partir.

Le père de Trân Triêu Quân avait été haut fonctionnaire avant l'arrivée des révolutionnaires. Avec sa femme et les quatre enfants qui restent, il tente de s'enfuir sur une embarcation de fortune. Tragiquement, la famille disparaît comme beaucoup d'autres, noyée, dans une tempête.

Ingénieur à la Régie du bâtiment, Trân Triêu Quân a travaillé à la construction du Stade olympique. Il s'est aussi penché sur la tragédie de Chapais, où 42 personnes étaient mortes dans un incendie le 1er janvier 1980.

À partir de 1979, il commence à s'occuper de l'ITF (International Taekwondo Federation) avec le président d'alors, le général Choi Hong Hi. Par la suite il a toujours joué un rôle important dans la fédération, dont il devient président en 1999.

Il dirige aussi l'équipe canadienne de taekwondo, qu'il mène au Championnat du monde en 1984. En 1990, la Ville de Montréal lui décerne le prix pour l'événement de l'année, soit l'organisation du championnat mondial de l'ITF.

À cette époque, il fonde une entreprise pour assister les compagnies canadiennes désireuses de faire des affaires au Viêtnam. Mais en 1994, il organise, avec l'Américain Paul Morgan, l'importation d'un chargement de coton vers le Viêtnam. Le coton n'arrivera jamais à destination et Trân Triêu Quân, qui s'était rendu au pays pour tenter de régler le problème, est jeté en prison.

Il se retrouve condamné à vie, dans des cellules surpeuplées, les fers aux pieds, en attente de seaux d'eau rarissimes. Plus tard, on l'emprisonne avec des détenus politiques, dans de meilleures conditions de détention. Il devient même entraîneur de l'équipe d'athlétisme de la prison, en vue d'olympiades opposant 14 centres de détention.

Il sera finalement libéré en 1997, à la suite d'une campagne inlassable de sa femme et d'un comité formé autour d'amis qui lui seront toujours fidèles, dont Janel Gauthier et Jean-Marc Demers, entre autres. Une pétition lancée par ses enfants à l'école De Rochebelle sera signée par 125 000 personnes et déposée au Parlement d'Ottawa.

En 1997, la famille Trân est nommée Famille de l'année à Québec, et les ingénieurs de la région désignent Trân Triêu Quân comme Personnalité de l'année.

En 2007, il organise le Championnat du monde de taekwondo ITF, qui attire 1500 personnes à Québec. Il n'aura jamais cessé de faire la promotion du sport qu'il aimait, à travers le monde, en Haïti aussi bien que dans la communauté innue de Maliotenam.