Malgré le drame qui les afflige, les Haïtiens étaient nombreux dans les églises ouvertes en ce premier dimanche depuis le séisme pour prier et remercier Dieu.

Dans les montagnes qui surplombent Port-au-Prince, les fidèles d'une église baptiste conservatrice ont marché sur un chemin de terre pendant une dizaine de minutes pour assister à une messe donnée dans une vieille chapelle, malgré tout bondée. La structure de leur église habituelle, en bordure de la route, était trop endommagée par le tremblement de terre.

«Merci le ciel!» ont chanté les paroissiens, secouant les bras dans les airs et entrant de plus en plus dans une sorte de transe à mesure que la cérémonie avançait.

Plus bas dans la ville, à l'église catholique de Saint-Jean-de-Bosco, le prêtre a invité ses ouailles à garder la foi.

«Nous pouvons avoir la joie, nous pouvons nous tenir debout dans cette situation intenable que notre pays est en train de vivre parce que Dieu nous a donné la joie de l'existence, la joie de l'être», a-t-il scandé.

«C'est le moment ou jamais d'apprendre à faire les choses comme nous devons les faire, car il nous a donné une autre chance.»

Ici, les chants étaient moins intenses, mais les hymnes et prières étaient entonnés avec force et ferveur, parfois couverts par le bruit des sirènes et des klaxons, dehors.

Les Haïtiens ont la réputation d'être très croyants. On aurait pu penser que la dernière catastrophe les frustrerait face à Dieu et à la religion, mais pour plusieurs, apparemment, il n'en est rien. Au contraire.

«J'ai l'habitude de venir à la messe. Par contre, j'avais une chute de foi. Mais après ce qui vient de se passer, je viens de recommencer à aller à la messe», a raconté Aristide Becker, 20 ans.

«Je pense que la solution, pour nous, c'est Dieu. Je suis parfaitement affamé. Tout le monde en Haïti est parfaitement affamé. Mais je me suis obligé de retrouver la foi parce que j'étais dans un lieu pour mourir. Et voilà que je vois que je sors. C'est normal de dire merci à Dieu parce que c'est Dieu qui me laisse encore en vie.»

À l'extérieur de l'église, près de la porte, un homme avec une béquille a la main sur le coeur, la tête baissée et les yeux fermés. «J'ai une petite fracture, mais je ne suis pas blessé», dit-il.

Sa maison s'est effondrée et il dort maintenant dans la rue. Pour combien de temps encore? Il ne le sait pas.

Mais lui aussi, il refuse de cesser de croire. «Nous avons trop de crimes à payer. Trop de méchanceté. De malveillance. D'ambition. Nous avons obligé le bon Dieu à se fâcher. C'est pour ça qu'il a fait ça.»

Une femme debout à côté de lui renchérit: «Ma maison s'est écrasée et j'ai perdu mes sept enfants, affirme cette marchande de rue. Je n'ai plus personne et je n'ai plus de nourriture.»

«Mais je suis allée remercier Dieu parce que je suis encore en vie.»