Les Américains cristallisaient samedi les critiques sur le manque de coordination à l'aéroport de Port-au-Prince, point d'accès essentiel de l'aide internationale désormais sous leur contrôle, au point qu'un ministre français a protesté officiellement.

«Il y a de gros problèmes de coordination à l'aéroport», a assuré un responsable du gouvernement haïtien, Michel Chancy, qui dirige un comité chargé de coordonner la distribution de l'eau et de la nourriture. «Les Haïtiens ne sont pas avertis de l'arrivée» des avions, ce qui fait que «quand ils doivent atterrir, il n'y a pas de prise en charge», a-t-il déploré.

La gestion de l'aéroport de Port-au-Prince, capitale haïtienne largement détruite par un puissant tremblement de terre mardi, a été confiée vendredi aux Américains par le gouvernement haïtien.

Mais plusieurs avions transportant de l'aide n'ont pas pu atterrir.

«Ce n'est pas juste, ce n'est pas juste», a estimé la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton dans l'avion qui l'emmenait vers Haïti, en réponse à ces critiques.

Samedi, le ministre français de la Coopération, Alain Joyandet, a assuré à Port-au-Prince avoir protesté «officiellement» auprès des Etats-Unis après qu'un avion acheminant un hôpital de campagne n'a pas été autorisé à atterrir sur la piste unique de l'aéroport.

Mais le ministère français des Affaires étrangères a contredit quelques heures plus tard M. Joyandet, assurant par la voix de son porte-parole Bernard Valero «qu'il n'y a eu aucune protestation du gouvernement français au sujet de la gestion de l'aéroport de Port-au-Prince».

«La coordination franco-américaine en matière d'aide d'urgence en faveur d'Haïti s'effectue de la meilleure façon possible compte-tenu des très graves difficultés liées aux conséquences dramatiques du séisme ayant frappé Haïti et l'ampleur des dégâts causés», a-t-il ajouté.

Quelque 200 Français manifestement énervés sont restés bloqués toute la nuit à l'aéroport, alors qu'ils auraient dû être évacués vendredi.

Des sources officielles ont par ailleurs indiqué à l'AFP qu'un avion cargo de l'armée argentine, transportant notamment du matériel médical et une unité de purification d'eau, était toujours bloqué samedi dans un aéroport situé à 120 km de Saint-Domingue, que deux avions mexicains avaient dû attendre «deux jours et demi en République dominicaine» avant d'être autorisés à atterrir et que 40 tonnes d'aide en provenance du Pérou avaient été finalement acheminées par voie terrestre samedi depuis Saint-Domingue.

«L'espace aérien vaut de l'or à l'heure actuelle», a déclaré samedi Janet Napolitano, secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, en précisant que 48 atterrissages avaient eu lieu vendredi à Haïti, dont 17 en provenance des Etats-Unis. «Nous espérons que ce nombre augmente très vite à 60», a-t-elle ajouté.

Interrogé par l'AFP, l'ambassadeur américain en Haïti, Kenneth Merten a reconnu des «problèmes de transition et de coordination» à l'aéroport. «Il est normal qu'il y ait des frustrations», a-t-il dit, rappelant la nécessité de hiérarchiser les priorités et affirmant que les Américains prenaient leurs décisions «en coordination avec l'ONU et les Haïtiens».

Au cours d'une réunion sur la coordination des secours en général avec des responsables français et haïtiens, il avait déjà reconnu «des difficultés car on ne peut pas communiquer, quand il y aura des téléphones mobiles, ça ira beaucoup mieux».