Sous la tente ou des hangars, les écoliers ont fait leur rentrée cette semaine dans les zones sinistrées d'Haïti mais en petit nombre, neuf mois après le séisme qui a détruit ou gravement endommagé près de 80% des établissements de la région de Port-au-Prince.

Dans une vaste cour où deux écoles détruites sont fusionnées, des hangars ont été installés par l'Unicef afin d'accueillir les enfants qui doivent s'habituer à des salles de classe ouvertes et à une difficile cohabitation.

«Nous accueillons deux classes dans le même espace. Il n'y a pas assez de places pour les enfants, mais on doit s'y faire», se résigne une enseignante.

De nombreux professeurs et élèves ont péri lors du tremblement de terre du 12 janvier qui a fait plus de 250 000 morts et plus d'un million de sans-abri.

Très peu d'enfants se sont présentés lundi pour la première journée de classe dans la cour qui réunit l'Ecole Célie Lilavois et l'Ecole nationale du Brésil.

Flonise, 14 ans, a répondu présent, mais elle est la seule de sa famille.

«Mon frère et ma petite soeur vont encore attendre jusqu'au mois de décembre, quand ma maman pourra peut-être payer les frais scolaires. Moi, je suis chanceuse, on m'a donné des uniformes», dit l'adolescente qui n'a pas encore atteint la fin du primaire.

«La crise économique et les conditions de vie des familles handicapent la rentrée. Elle sera de toute façon progressive», commente Miloudy Vincent, une fonctionnaire du ministère de l'Education. Dans les camps de sinistrés qui pullulent d'enfants, la rentrée se fera plus tard, quand les moyens seront réunis.

L'Unicef a distribué des manuels et des uniformes à des milliers d'écoliers issus de familles sinistrées, mais en nombre insuffisant par rapport aux besoins. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance a promis d'appuyer 2 000 établissements scolaires et plus de 700 000 enfants ainsi que des enseignants qui recevront des fournitures, précise Nathalie Hamoudi, une fonctionnaire de l'Unicef.

Luckerson Pierre, 8 ans, aborde un peu perdu sa première année de scolarisation mais il sait déjà qu'il veut devenir enseignant. «J'ai perdu ma soeur Emmanuela lors du séisme. Je découvre l'école aujourd'hui grâce aux bienfaiteurs qui m'ont fourni l'uniforme et des livres», raconte-t-il.

Ailleurs dans Port-au-Prince, des salles de classe installées sous des tentes abimées ne facilitent pas l'enseignement en cette saison d'intempéries, où les abris de fortune sont balayés par des coups de vents violents, les inondations et les éboulements qui ont fait la semaine dernière de nouvelles victimes dans le pays.

«Après le séisme, la chose la plus importante pour les jeunes c'est l'école», a répété le ministre de l'Education, Joel-Desrosiers Jean-Pierre, en venant assister à la rentrée dans les deux écoles fusionnées.

Sur fond de manifestations de lycéens et d'enseignants mécontents du manque de moyens, le ministre a prié près de 200 personnes réfugiées dans un des lycées de la capitale de laisser la place aux étudiants.

«L'objectif de l'État est d'amener tous les enfants de Haïti à l'école. Cette fois, l'éducation universelle doit devenir une réalité dans un pays où plus de 300 000 enfants sont en dehors du système», a promis le ministre.

«Les professeurs sont prêts pour la rentrée, mais ils sont aussi des parents qui doivent assurer la scolarisation de leurs enfants», remarque Yolaine, une enseignante avec 20 ans de carrière à son actif.