Une cérémonie du souvenir a débuté lundi à Port-au-Prince, six mois après le séisme qui a fait plus de 250 000 morts, alors que les Haïtiens s'impatientent de voir les milliards de dollars promis par la communauté internationale se traduire en projets concrets.

Sous une tente, au milieu des ruines du Palais national, le ministre de l'Intérieur Paul-Antoine Bien-aimé a ouvert la cérémonie du «souvenir», en remerciant «la communauté internationale, les ONG et les citoyens étrangers» pour leur aide, en présence du président René Préval et de plusieurs ministres.

«Nous allons continuer à aider les gens dans les camps mais aujourd'hui nous voulons aussi lancer officiellement la phase de reconstruction», a déclaré le président Préval au cours de la cérémonie, qui intervient six mois jour pour jour après le séisme dévastateur du 12 janvier.

Des représentants de l'ONU, l'ancien président américain Bill Clinton qui co-préside avec le premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive le Comité intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) et l'acteur Sean Penn étaient aussi présents.

Bill Clinton s'est engagé à faire un important effort de transparence dans l'utilisation de l'argent envoyé à Haïti.

Sean Penn a quant à lui indiqué à la chaîne américaine CBS qu'il était venu «avec l'idée de passer deux semaines pour essayer d'aider». «On le doit» aux Haïtiens «quand on voit la force de ces gens qui n'ont jamais connu le confort», a dit l'acteur, regrettant le désintérêt des médias.

À Port-au-Prince, l'impatience des Haïtiens est grandissante face à la lenteur de la reconstruction, notamment pour les centaines de milliers de personnes qui vivent toujours dans des abris provisoires.

«Quand on nous a demandé de venir dans ce camp, on nous avait promis des maisons... où sont-elles?», se demandait Jean-Auguste Petit-Frère à l'approche de la commémoration des six mois, en désignant un modèle d'habitation érigé par une société jamaïcaine et évalué à 15 000 dollars l'unité.

Selon l'ONU, près de 4 000 maisons de 18 mètres carrés ont été construites dans le cadre d'un premier projet qui en prévoit 10 000.

La Croix-Rouge française qui promet de bâtir 30 000 maisons transitionnelles en collaboration avec la Croix-Rouge américaine vient de lancer les travaux pour 500 habitations dans un village à l'est de la capitale.

«Cela prendra du temps pour reloger les 1,5 million de sans-abri disséminés à travers un millier de camps. L'État doit trouver des terrains pour 90% des sinistrés qui étaient des locataires», explique un fonctionnaire de l'ONU.

Trois mois après une conférence internationale qui s'est déroulée à New York et au cours de laquelle la communauté internationale a promis plus de 10 milliards de dollars sur 5 ans à Haïti, très peu d'argent est parvenu au pays, les plus pauvre du continent américain.

«C'est le travail que fera (...) Bill Clinton: convaincre les bailleurs de verser les fonds promis», rappelait il y a quelques jours Nigel Fischer coordonnateur humanitaire de l'ONU en Haïti.

Selon les experts, le coût de la reconstruction d'Haïti est évalué à 11,5 milliards de dollars sur dix ans.