La frustration augmente à Haïti, rapporte Médecins sans frontières (MSF) dans un nouveau bilan de son intervention depuis le séisme.

«Il y a un terrible fossé entre l'enthousiasme et les promesses d'aide faites aux victimes dans les premières semaines qui ont suivi le tremblement de terre et la désastreuse réalité sur le terrain six mois après», dit le chef de mission Stefano Zannini dans un communiqué.

MSF est présent à Haïti depuis 19 ans. Ses activités s'y sont intensifiées depuis le séisme. L'ONG a reçu environ 120,5 millions de dollars en dons depuis la catastrophe. La somme devrait être presque complètement dépensée à la fin de l'année.

Depuis le 12 janvier, l'organisme a distribué 2700 tentes et 35 000 trousses d'aide matérielle. Mais les besoins restent colossaux. Port-au-Prince compte encore près de 1 million de sans-abri. La reconstruction progresse très lentement, selon le rapport. «La pluie, qui représentait une menace de plus pour les rescapés, est tombée pendant des semaines, installant définitivement les centaines de milliers de sans-abri dans une précarité critique. Et tandis qu'une dangereuse saison des ouragans pointe à l'horizon, la situation n'est pas prête de s'améliorer», y lit-on.

Craignant de nouvelles répliques sismiques, plusieurs Haïtiens choisissent aussi de dormir dehors dans des abris de fortune.

Le séisme a détruit 60% des infrastructures de santé. De plus, selon MSF, 10% des travailleurs de la santé sont morts ou ont quitté le pays. Le rapport indique néanmoins que «l'accès aux soins médicaux en Haïti s'est amélioré, il est sans aucun doute plus important qu'avant le tremblement de terre. (...) Certaines populations pauvres, exclues du système de santé public et privé, peuvent maintenant bénéficier de soins.»

En date du 31 mai, 173 000 patients avaient été traités dans les 19 centres de santé de l'ONG, qui fait de plus en plus appel à du personnel local. Plus de 90% de son personnel est aujourd'hui haïtien.

Mais malgré cette amélioration de l'offre de soins, la population haïtienne reste vulnérable. Et les plus pauvres sont «totalement tributaires» de l'aide internationale. «Le problème principal est que le maintien d'un tel système dépend d'un engagement international dans la durée, et de réelles questions se posent sur sa viabilité», dit MSF.

La violence reste aussi «une préoccupation» pour l'ONG. Elle a traité 2147 patients victimes d'actes de violence, et 264 de blessures par balles. Malgré tout, «le nombre de victimes d'actes de violence n'a pas augmenté», estime MSF.