N'entre pas qui veut sur le terrain du Palais présidentiel de Port-au-Prince, en Haïti, même si l'immense édifice est lourdement abîmé et inutilisable. Les forces de l'ordre montent la garde, comme au temps où les lieux étaient habités.

C'est justement sur ces forces de l'ordre haïtiennes, qui seront un jour chargées de maintenir la stabilité dans le pays, qu'entend miser le Canada dans son effort pour contribuer à la reconstruction d'Haïti, dévasté par le séisme du 12 janvier dernier. 

«Le gouvernement haïtien a déposé son propre plan, qui a été agréé par l'ONU et la communauté internationale. Dans tout ça, on retrouve des mandats et des responsabilités. On a demandé au Canada de s'occuper particulièrement du secteur de la sécurité», a expliqué hier le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, de passage à Port-au-Prince, où il a entamé une visite de trois jours en Haïti, qui le mènera notamment à Jacmel et Léogâne aujourd'hui.

L'expertise du Canada en matière de justice et de sécurité, mais surtout ses policiers francophones constituent un atout important, a aussi estimé Edmund Mulet, représentant spécial de l'ONU pour Haïti, en après-midi.

À son arrivée à Port-au-Prince, le ministre Cannon s'est arrêté au siège de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il y a annoncé une contribution supplémentaire de 10 millions de dollars en soutien aux institutions de justice et de sécurité. Cette somme servira au déploiement de véhicules de patrouille, à des locaux de cours temporaires et à la formation des policiers haïtiens, avec l'envoi de nouveaux agents canadiens.

«On est en mesure de pouvoir doter la MINUSTAH d'agents correctionnels très qualifiés, aptes à donner de la formation. Nous avons aussi chez nous une expertise en matière de renforcement des institutions judiciaires», a souligné le ministre.

Ayant fait de la sécurité une priorité, M. Cannon se rendra demain à Croix-des-Bouquets, pour inaugurer une prison qui a été restaurée après le séisme, grâce à l'appui financier du Canada.

Mandat de Préval prolongé?

Le ministre a par la suite rencontré le président René Préval et le premier ministre Jean-Max Bellerive, mais s'est bien gardé de commenter la politique haïtienne. C'est que le jour même, le président Préval a déposé un projet de loi qui lui permettrait de prolonger son mandat, ce que craint la population haïtienne, trop habituée à des dérives autoritaires.

«Ce sont des questions qui regardent le gouvernement haïtien et le peuple haïtien», s'est contenté de répondre M. Cannon, interrogé sur le sujet. «Le gouvernement est souverain», a-t-il ajouté, à la sortie de ses rencontres avec les dirigeants, sur le terrain du Palais présidentiel, qui est en voie de démolition.

Au cours d'un point de presse commun expéditif, le premier ministre Bellerive a tenté de se faire rassurant sur la question.

«C'est un projet de loi qui entre tout à fait dans le cadre constitutionnel. La Constitution prévoit bien un mandat de cinq ans et une prolongation s'il y avait des problèmes électoraux», a-t-il rétorqué. Le projet de loi ne prévoit en effet qu'une prolongation du mandat dans l'éventualité où il serait impossible de tenir un scrutin en novembre, comme prévu.