Vive Bill Clinton, qui inspire la confiance des donateurs, «mais il faut se dégager du modèle de l'homme fort» et se souvenir que l'Organisation des Nations unies est dans une très bonne position pour assurer le leadership» de la reconstruction d'Haïti.

C'est ce qu'a déclaré hier à La Presse Louise Arbour, présidente-directrice générale de l'International Crisis Group et ex-haute commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme.

 

Dans une entrevue impromptue qu'elle nous a accordée en marge de la conférence des pays donateurs, Mme Arbour a fait valoir que l'ONU offre un «environnement crédible et inclusif» capable de coordonner l'effort international.

Qu'il s'agisse de Bill Clinton en Haïti ou de Hamid Karzaï en Afghanistan, le réflexe est trop souvent de personnaliser l'affaire. On pense trop souvent que tout passe «par une seule personne et qu'en dehors de cette seule personne, il n'y a plus d'interlocuteur», a dit Mme Arbour.

Difficile coordination

Elle reconnaît cependant que l'impossibilité de tenir des élections en Haïti au mois de mai compliquera les choses. Dans ces conditions, «comment mobiliser toutes les composantes de la société haïtienne? Qui l'ONU accompagne-t-elle?»

Après la journée d'hier, la question de la coordination de l'aide internationale demeure entière. Le président d'Haïti, René Préval, a évoqué le souhait que «le contrôle financier se fasse par la Banque mondiale», de concert avec une institution de supervision, sans préciser laquelle.

Tout en estimant qu'Haïti est capable de connaître un taux de croissance de 8% dans les cinq prochaines années, le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, croit pour sa part que cela ne peut se produire que si «les autorités haïtiennes sont au volant».

Claire Lydie Parent, mairesse de Petionville, en banlieue de Port-au-Prince, souhaite pour sa part qu'il y ait enfin décentralisation et que tout l'argent ne soit pas dirigé vers la seule capitale ou vers le seul gouvernement national.

Le souhait du président de la Banque mondiale, Robert Zoellick? Qu'une autre conférence se tienne dans six mois, pour faire le point sur l'avancement des travaux.