Le décès d'un petit Haïtien de trois ans, qui attendait de rejoindre une famille française, a relancé vendredi les accusations contre les autorités françaises, taxées de rigidité dans la gestion du dossier des adoptions en Haïti.

Le petit Simon, qui souffrait d'un retard de croissance résultant d'une malnutrition antérieure et faisait partie d'enfants dont les parents biologiques avaient signé un consentement d'abandon, n'avait pas encore fait l'objet d'un jugement des autorités haïtiennes l'autorisant à quitter l'île, quand le séisme du 12 janvier s'est produit.

L'absence de ce document l'empêchait donc, comme des centaines d'autres enfants en voie d'adoption, d'être évacué vers la France, où l'attendait sa famille adoptive. Il est mort d'une pneumonie en Haïti.

Pour le collectif «SOS Haïti enfants adoptés» et les parents adoptifs de Simon, qui ont publié une lettre ouverte, son décès «aurait pu et dû être évité». «Il faut éviter que d'autres enfants meurent parce qu'on n'a pas su traiter leur dossier à temps», écrivent-ils.

Le ministère français des Affaires étrangères a réagi vendredi de manière inhabituellement vive, justifiant l'attitude du chef de la diplomatie Bernard Kouchner depuis le séisme et rappelant ses démarches pour hâter les évacuations d'enfants qui avaient tous les papiers nécessaires. Environ 450 petits Haïtiens ont gagné la France à ce jour.

Aucun pays «n'a fait plus et mieux», a affirmé un porte-parole du ministère, tout en déclarant partager l'émotion et l'impatience des familles.

«Exposer l'enfant à une insécurité juridique préjudiciable à son intégration durable est un risque intolérable», a-t-il ajouté, rappelant que le départ vers la France d'un enfant ne disposant pas d'un jugement valide d'un tribunal haïtien serait un «enlèvement».

Pour les associations de familles, la France devrait sortir de son juridisme et signer avec l'État haïtien un accord-cadre «permettant l'évacuation de tous les enfants adoptés avant le séisme».

Depuis deux mois, un vif débat oppose les autorités françaises à certaines associations qui veulent sauter les étapes juridiques et faire venir au plus vite ces enfants au dossier incomplet.

La France est le premier pays d'accueil pour les enfants adoptés en Haïti.