Le président haïtien, René Préval, et la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, ont tous deux souligné mardi la nécessité d'organiser des élections dès que possible dans le pays caribéen frappé par un séisme dévastateur en janvier.

«Il faut chercher une voie, et les spécialistes le feront, pour que lorsque je quitterai (le pouvoir), il y ait un parlement et un président élus», a déclaré le chef d'État après une rencontre à Washington avec Mme Clinton.

«Le pire», a-t-il ajouté, «c'est d'avoir un gouvernement qui n'ait pas la légitimité, qu'on entre dans une période de gouvernement provisoire. Il faut un gouvernement qui ait la légitimité populaire».

«Nous devons travailler à des élections (...) J'ai assuré au président Préval que les États-Unis travailleraient avec la communauté internationale pour que des élections se tiennent dès que ce sera approprié», a dit de son côté la secrétaire d'État.

Le Conseil électoral provisoire haïtien (CEP), dont le local a été détruit par le séisme, a reporté sine die les élections législatives prévues fin février. Le scrutin présidentiel est prévu en décembre, le mandat de M. Préval courant jusqu'en février 2011.

Le CEP, dont les membres ont été désignés par M. Préval, a exclu des législatives «pour des motifs apparemment arbitraires» une quinzaine de partis, dont le Fanmi Lavalas de l'ancien président Jean Bertrand Aristide, qui est la formation politique la plus populaire, a commenté dans un courriel à l'AFP Dan Beeton, du Centre de recherches économique et politiques, un centre de réflexion de Washington.

La décision, a-t-il souligné, a causé «une indignation générale dans la classe politique».

Les ravages du séisme du 12 janvier sont intervenus dans une société profondément déstabilisée par des décennies de dictature et d'instabilité politique, qui se sont poursuivies jusqu'en 2006.

Malgré de fragiles progrès depuis lors, 4 Haïtiens sur 5 survivent avec moins de deux dollars par jour. La pauvreté de l'Etat lui-même et sa faiblesse font que les seuls travaux d'infrastructures sont l'oeuvre de la Minustah, la mission de l'ONU sur place, tandis que la corruption atteignait tout le pays dès avant le 12 janvier.

Mme Clinton a indiqué que l'administration Obama avaient fourni «près de 700 millions de dollars» d'aide à Haïti dans la première phase de réaction au séisme. «La moitié des foyers américains ont contribué» aux dons privés, a-t-elle également souligné.

Elle a cité quatre domaines d'action particulièrement cruciaux à ses yeux: la construction de logements avant la saison des pluies (qui débute le mois prochain, celle des ouragans débutant en juin), la fourniture de semences et d'engrais aux paysans, la remise en route des usines, et l'octroi de tarifs douaniers favorables à Haïti.