Les centaines de milliers d'Haïtiens sans-abri après le séisme du 12 janvier sont menacés par le paludisme à l'approche du pic de la saison des pluies, et des cas ont déjà été rapportés chez des sauveteurs rentrés aux États-Unis, selon une enquête américaine jeudi.

«Les personnes déplacées vivant dehors ou dans des abris de fortune ainsi que les milliers de personnel humanitaire sont sérieusement menacés par le paludisme», affirment les Centres de contrôle des maladies américains (CDC) dans leur revue hebdomadaire.

Le tremblement de terre de Port-au-Prince, de magnitude 7, a fait plus de 220 000 morts et un million de sans-abri dans ce pays de 10 millions d'habitants, le plus pauvre des Amériques. 

En Haïti, où la saison des pluies atteint son pic en mai-juin, une période favorable à la propagation du paludisme transmis par les moustiques, au moins 30 000 cas de paludisme sont confirmés par l'OMS annuellement. Toutefois, les CDC estiment qu'«il y a en fait jusqu'à 200 000 cas par an».

Le paludisme y est causée par le parasite Plasmodium falciparum, le plus répandu en Haïti, qui provoque la forme de la maladie «la plus sévère et la plus mortelle», précisent les CDC.

Entre le 12 janvier et le 25 février, les CDC ont répertorié aux États-Unis 11 cas de paludisme contractés par des voyageurs en Haïti, notamment du personnel humanitaire.

Parmi eux figuraient sept sauveteurs américains dont six militaires, un autre voyageur américain ainsi que trois Haïtiens, dont un enfant adopté.

Parmi les sept sauveteurs atteints de paludisme, quatre cas modérés ont pu être traités localement en Haïti mais trois autres, plus sérieusement atteints, ont été rapatriés vers les États-Unis pour y être soignés. «Tous doivent se rétablir complètement», indiquent les CDC.

La plupart des personnes atteintes, notamment les soldats, s'étaient vu prescrire un traitement prophylactique pendant leur séjour en Haïti, mais beaucoup ont reconnu ne pas l'avoir bien pris, précise l'enquête.

Globalement, les cas de paludisme importés d'Haïti aux États-Unis sont sous-estimés, selon les CDC, conscients que ceux-ci ne leurs sont pas tous signalés. En 2008, il y a eu aux États-Unis 1 298 cas, quasiment tous importés.

Les Centres de contrôle des maladies enjoignent ceux qui voyagent en Haïti de prendre un traitement préventif comprenant chloroquine, doxycycline, méfloquine ou atovaquone-proguanil.

Selon l'OMS, le paludisme a touché 243 millions de personnes dans le monde en 2008 et provoqué 863 000 décès.