La proposition du Canada visant à relocaliser à Montréal une conférence sur la diaspora haïtienne qui doit avoir lieu le mois prochain à Washington a soulevé la colère de l'importante communauté haïtienne des États-Unis.

Le gouvernement canadien a offert cette semaine d'accueillir le Haitian Diaspora Forum dans la métropole québécoise, qui a déjà été l'hôte de deux autres conférences internationales sur Haïti depuis le tremblement de terre du 12 janvier.

Mais l'invitation a été intreprétée par la Haitian American Grassroots Coalition, un organisme basé à Miami, comme une tentative du Canada de détourner la démarche de la diaspora haïtienne.

L'événement, qui a déjà été reporté plusieurs fois, sera l'occasion pour les expatriés et les immigrants haïtiens, ainsi que leurs descendants, de donner leur avis sur le plan de reconstruction en prévision d'une réunion des donateurs en mars aux Nations Unies.

«Nous savons que le Canada est un solide partenaire d'Haïti, a dit Jean-Robert Lafortune de la Haitian American Grassroots Coalition. Mais qu'il utilise son influence pour tenter de déplacer cette conférence des États-Unis vers le Canada, je pense que c'est injuste puisque cette initiative a été mise de l'avant par des organisations de société civiles.»

Le gouvernement canadien précise toutefois n'avoir voulu offusquer personne.

«Le Canada a offert à l'Organisation des États américains d'organiser le Haitian Diaspora Forum à Montréal, puisque Montréal est un des principaux endroits où habitent les Haïtiens du monde», a dit Catherine Loubier, la porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Elle estime que l'emphase doit être mise sur la conférence sur la reconstruction qui aura lieu à New York ainsi que sur l'appui au peuple haïtien et à son gouvernement.

«Nous serons heureux peu importe où aura lieu la conférence et nous y partiperons pleinement», a ajouté Mme Loubier.

L'Organisation des États américains (OEA), qui participe à la coordination du forum, a indiqué qu'une décision finale sur la date et le lieu serait prise mardi.

«Nous attendons une réunion pour finaliser le tout, a expliqué la directrice des affaires internationales pour l'OEA, la docteure Irene Klinger. Peu importe où ce sera organisé, l'important est de donner à la diaspora une place pour s'exprimer en vue de la rencontre du mois de mars.»

Mme Klinger indique que l'offre a été soumise cette semaine par le ministre d'État aux Affaires étrangères, Peter Kent, lors d'une rencontre de l'OEA.

Quelque 200 personnes sont attendues à cet événement à Washington.

M. Lafortune croit toutefois que le nombre de participants sera moindre si l'événement a lieu à Montréal, puisque plusieurs ne seraient pas en mesure de défrayer le coût du voyage.

La communauté haïtienne des États-Unis compte environ un million de personnes.