Huit des 10 missionnaires baptistes américains inculpés d'enlèvement d'enfants en Haïti ont quitté le pays mercredi pour regagner les États-Unis, ont rapporté des témoins.

Les deux baptistes qui restent emprisonnés sont la porte-parole du groupe, Laura Silsby, et sa confidente Charisa Coulter, selon leur avocat.

Le juge chargé du dossier avait ordonné dans la journée la libération conditionnelle de huit d'entre eux, qui avaient quitté mercredi la prison de Port-au-Prince dans la soirée.

Une responsable haïtienne de la sécurité publique, Claudy Gassant, s'était rendue dans l'après-midi à la prison où ils étaient détenus pour leur transmettre l'ordre de remise en liberté.

Un peu plus tôt, l'avocat des 10 Américains avait annoncé la décision du juge Bernard Saint-Vil, qui était amené à se prononcer sur une libération conditionnelle pendant la durée de l'instruction.

«Huit de mes clients vont être libérés. Le juge veut interroger deux de mes clients parce qu'ils étaient en Haïti avant le séisme» du 12 janvier, avait déclaré l'avocat Aviol Fleurant.

Les huit Américains libérés avaient été conduits à l'aéroport à bord d'une camionnette avec des plaques diplomatiques.

Les 10 missionnaires baptistes avaient été inculpés le 4 février d'«enlèvement de mineurs» et d'«association de malfaiteurs» après avoir été arrêtés avec 33 enfants à la frontière avec la République dominicaine.

Laura Silsby, restée emprisonnée avec sa confidente Charisa Coulter, est tombée malade au cours de sa détention et reçoit un traitement, avait indiqué son avocat, Me Fleurant.

Il a expliqué que les deux femmes se trouvaient dans le pays avant le séisme pour aider dans un orphelinat du nord-ouest d'Haïti.

Un autre avocat des Américains, Louis Gary Lissade, a insisté sur le fait que les accusations à l'encontre des huit personnes libérées n'avaient pas été levées, mais s'est dit confiant dans le fait qu'elles le seraient en fin de compte.

Le juge d'instruction doit encore continuer l'enquête au fond pour déterminer s'ils ont bien enlevé les enfants.

Les 10 baptistes, membres d'une association caritative de l'Idaho, avaient été arrêtés le 29 janvier à la frontière dominicaine alors qu'ils tentaient de faire passer les enfants sans papiers d'identité, moins de trois semaines après le séisme du 12 janvier qui a fait plus de 217 000 morts. Ils ont assuré que les enfants étaient orphelins mais n'ont pas pu présenter de papiers.

Dans les jours qui ont suivi, il était devenu évident que la majorité de ces «orphelins» avaient en réalité des parents. Mais plusieurs d'entre eux ont affirmé avoir confié leurs enfants aux missionnaires américains de leur plein gré, espérant que ceux-ci leur offriraient des soins médicaux et les inscriraient à l'école en République dominicaine.