Le président français Nicolas Sarkozy est arrivé mercredi à Port-au-Prince où il a annoncé une enveloppe d'aide de 326 millions d'euros (soit près de 466 millions de dollars canadiens) et estimé que c'était «d'abord aux Haïtiens de définir un véritable projet national» après le séisme qui a dévasté le pays.

M. Sarkozy a été accueilli par son homologue haïtien, René Préval, qui avait estimé que cette visite, la première d'un président français dans l'ex-colonie française, était «historique».

Dès son arrivée, le président français est parti survoler en hélicoptère, avec le président haïtien, des zones de la capitale qui ont été dévastées par le tremblement de terre du 12 janvier qui a fait au moins 217 000 morts et privé d'un toit 1,2 million d'Haïtiens.

De retour sur la terre ferme, Nicolas Sarkozy lui a annoncé que la France verserait une aide de 326 millions d'euros à Haïti, somme qui comprend l'annulation de la dette bilatérale de 56 millions d'euros.

«Nous allons prendre des dispositions très concrètes», a dit le président français, lors d'une conférence de presse avec M. Préval dans les jardins du Palais présidentiel qui a été détruit par le séisme.

Paris mettra notamment 1000 tentes et 16 000 bâches à disposition des Haïtiens. Ces moyens devraient permettre d'abriter temporairement 200 000 personnes en prévision de la saison des pluies. En outre, 250 véhicules (police, gendarmerie, ambulances, pompiers) doivent être envoyés sur place.

Peu avant, le président français s'est rendu à l'ambassade française, en partie endommagée par le séisme, où il s'est adressé notamment à des équipes de secouristes françaises.

«C'est d'abord aux Haïtiens et à eux seuls de définir un véritable projet national et ensuite de le conduire, parce que c'est de leur pays et de leur avenir qu'il s'agit», a dit M. Sarkozy.

«Je suis venu dire au peuple haïtien et à ses dirigeants que la France, qui était la première sur le terrain après la catastrophe, restera solidement à leurs côtés pour les aider à se relever et à ouvrir une nouvelle page heureuse de leur histoire. La France sera à la hauteur de ses responsabilités, de son histoire partagée et de son amitié avec Haïti», a ajouté Nicolas Sarkozy,

M. Sarkozy a parlé «d'une histoire commune riche mais aussi douloureuse», en allusion à la colonisation française du pays, indépendant depuis 1804.

«Ne nous voilons pas la face. Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs. Les blessures de la colonisation et, peut-être pire encore, les conditions de la séparation ont laissé des traces qui sont encore vives dans la mémoire des Haïtiens», a lancé le chef d'État.

Le président français est accompagné du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, du secrétaire d'État à la Coopération Alain Joyandet et de la ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard pour cette visite qui devait s'achever vers 11H30 locales (16H30 GMT).

La rapidité de son séjour sur place s'explique, selon l'Élysée, par «les difficultés techniques» à organiser une telle visite dans un pays sorti «exsangue du séisme» du 12 janvier.

«Dans d'autres circonstances, cela aurait été un plaisir de célébrer la venue d'un président de la République française», a dit M. Préval au moment d'accueillir son hôte. Mais cette visite intervient alors que «nous pleurons nos morts», a-t-il ajouté.

«Nous allons remercier le président Sarkozy de l'aide apportée par la France à notre pays et de la grande mobilisation de la société française pour Haïti», a poursuivi M. Préval.

«Depuis l'indépendance (1804) nous avons surmonté politiquement et psychologiquement cette période difficile de notre histoire qu'a été la colonisation», a-t-il poursuivi.