Le président français Nicolas Sarkozy se rend mercredi en Haïti pour une brève visite, un peu plus d'un mois après le cataclysme qui a dévasté le pays, et devrait annoncer une aide financière «extrêmement significative» pour reconstruire l'État haïtien.

Cette visite a été qualifiée d'«historique» par le président haïtien René Préval car il s'agit de la première d'un chef de l'État français dans cette ancienne colonie toujours liée à Paris par la langue et la culture.

Nicolas Sarkozy ne restera qu'une matinée en Haïti en raison, selon la présidence française, des «difficultés techniques» à organiser une telle visite après le tremblement de terre du 12 janvier qui a fait au moins 217 000 morts.

Le président français effectuera notamment, avec René Préval, un survol en hélicoptère des zones sinistrées concentrées dans la capitale, Port-au-Prince.

Il tiendra, ensuite avec le président haïtien, une conférence de presse.

À cette occasion, M. Sarkozy doit annoncer le montant d'une aide, qui sera «extrêmement significative en termes financiers», selon l'Élysée.

L'une des priorités est d'aider à la reconstruction de l'État haïtien. 40% des fonctionnaires ont disparu et quasiment tous les bâtiments administratifs sont détruits.

«On ne va pas refaire comme avant», explique un diplomate français. «Jusqu'à présent, la contribution bilatérale française était de près de 30 millions d'euros, principalement sous forme d'aide à des projets».

«Ce tremblement de terre est une opportunité pour reconstruire des bâtiments mais aussi et surtout l'État», a-t-il ajouté. L'Élysée a notamment évoqué «un très gros effort sur la formation des cadres administratifs».

Dans ce contexte, la France pourrait ne pas reconstruire à l'identique le palais présidentiel, qui s'est écroulé lors du séisme, comme l'avait annoncé M. Préval après une rencontre avec l'ambassadeur de France en Haïti.

«Le reconstruire à l'identique, au même endroit, c'est à dire sur la faille, revient très cher et s'avère compliqué», selon le diplomate. «Même si c'est un symbole, on ne va pas commencer par ça», a-t-il ajouté.

La France entend également favoriser un mouvement de décentralisation, l'essentiel des activités étant concentré dans la capitale où vivent deux des dix millions d'Haïtiens.

Se pose notamment la question du «déplacement des populations sur les Gonaïves ou Cap-Haïtien, régions porteuses en matière de tourisme et éloignées de la faille...», selon le diplomate français.

L'Élysée insiste sur le fait que «la contribution française fait partie d'un plan d'ensemble qu'il revient d'abord aux autorités haïtiennes de concevoir» et qui devrait être adopté à New York le 31 mars lors de la conférence de l'ONU sur Haïti.

La visite de M. Sarkozy survient quelques jours après celle du premier ministre canadien Stephen Harper, arrivé lundi à Port-au-Prince pour deux jours. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'y était, elle rendue, dès le 16 janvier.

Peu après le séisme, des critiques avaient été émises en France face à la gigantesque opération humanitaire mis en place par Washington. Le secrétaire d'État français à la Coopération Alain Joyandet avait déclaré qu'il «s'agit d'aider Haïti, il ne s'agit pas d'occuper Haïti».

Un début de polémique que Paris et Washington avaient cherché à très vite désamorcer.

Après sa visite en Haïti, M. Sarkozy doit se rendre sur l'île de la Martinique, aux Antilles françaises, et en Guyane, deux départements d'outre-mer.