Le substitut du procureur haïtien chargé du dossier des 10 Américains inculpés pour enlèvement d'enfants à la suite du tremblement de terre du 12 janvier a assuré qu'aucune décision n'avait été prise jeudi quant à leur libération conditionnelle.

«On arrête pour aujourd'hui et je reviens lundi pour continuer à examiner le dossier», a déclaré Jean Serge Joseph, substitut du procureur chargé du dossier. Il a refusé de confirmer que cela signifiait que les 10 baptistes américains arrêtés le 29 janvier à la frontière dominicaine avec 33 enfants présentés sans papiers d'identité, ne seraient pas libérés avant lundi.

«Légalement, ce ne sera pas avant lundi, politiquement, ça peut être n'importe quand pendant le week-end», a affirmé à l'AFP une source judiciaire sous couvert d'anonymat, laissant entendre que c'était déjà arrivé.

M. Joseph a précisé que ses conclusions devaient ensuite être transmises au juge d'instruction et que celui-ci n'était «pas lié» aux réquisitions du procureur. «C'est le juge qui décide» à la fin, a-t-il ajouté, rappelant néanmoins que le parquet avait la possibilité légale de faire appel.

«Le fond viendra après», a encore assuré M. Joseph, interrogé sur la probabilité que les Américains soient renvoyés devant un tribunal.

Inculpés le 4 février d'«enlèvement de mineurs» et d'«association de malfaiteurs», les 10 Américains ont été placés en détention provisoire sur ordre du juge d'instruction chargé du dossier, Bernard Saint-Vil. Mais leurs avocats ont immédiatement déposé une requête en libération conditionnelle.

M. Saint-Vil a alors entamé une série d'auditions. Il a reçu les Américains, séparément et ensemble, les parents des enfants, et des témoins. Jeudi matin, il a «acheminé la requête au commissaire du gouvernement», le procureur, a-t-il assuré à l'AFP. Il a rappelé qu'une fois qu'il aurait reçu les réquisitions du parquet, il disposait de trois mois pour prendre sa décision.

Que les Américains obtiennent une libération conditionnelle ou non, leur avenir n'est pas scellé pour autant. Le juge d'instruction doit encore continuer l'enquête au fond pour déterminer s'ils ont bien enlevé les enfants. Il devra ensuite à nouveau renvoyer le dossier au parquet, qui lui remettra ses conclusions. M. Saint-Vil déterminera enfin de renvoyer un ou plusieurs membres du groupe devant un tribunal ou d'abandonner les charges.

Quelle que soit sa décision à ce moment de la procédure, le parquet peut encore une fois faire appel.

Les 10 Américains se sont présentés à la frontière entre Haïti et la République dominicaine moins de trois semaines après le séisme du 12 janvier qui a fait plus de 217 000 morts. Ils ont assuré que les enfants étaient orphelins mais n'ont pas pu présenter de papiers.

Dans les jours qui ont suivi, il est cependant devenu évident que la majorité de ces «orphelins» avaient en réalité des parents. Mais plusieurs d'entre eux ont affirmé avoir confié leurs enfants aux missionnaires américains de plein gré, espérant que ceux-ci leur offriraient des soins médicaux et les inscriraient à l'école en République dominicaine.

Le ministre de la Justice avait estimé le 4 février que les baptistes devaient être jugés en Haïti et non extradés vers les États-Unis, malgré le séisme qui a dévasté Port-au-Prince et sa région.