Le juge haïtien chargé de l'affaire des dix Américains poursuivis pour enlèvement d'enfants a entendu mardi à Port-au-Prince certains de leurs parents haïtiens et plusieurs inculpés, a constaté l'AFP, avant une confrontation prévue mercredi.

Le juge Bernard Saint-Vil avait prévu d'entendre neuf des dix personnes du groupe mardi, séparément. En fin de matinée, il a rencontré deux familles des 33 enfants présentés par les Américains comme orphelins alors qu'ils tentaient de leur faire passer la frontière sans papier.

Le père d'un de ces enfants, qui a refusé de donner son nom, a assuré à l'AFP avoir donné de plein gré son fils de 15 ans «pour des soins médicaux parce qu'il a eu une fracture du pied dans le tremblement de terre» du 12 janvier.

«La maison a été partiellement détruite», a raconté cet habitant du quartier Delmas, dans la capitale. Il a précisé que son fils était toujours pris en charge par l'ONG SOS Villages d'enfants, qui s'occupe des 33 enfants.

Un peu plus tard, neuf Américains sont arrivés dans le bâtiment servant de parquet, le Palais de Justice ayant été détruit dans le tremblement de terre, et ont commencé à être emmené un par un dans le bureau du juge.

La responsable du groupe, Laura Silsby, avait été seule interrogée lundi.

Mercredi, selon les avocats haïtiens des inculpés, ils seront tous les dix confrontés aux familles des enfants.

«Les parents ont été interrogés par le juge pour dire qu'ils ont donné leur accord au pasteur Jean Seville, le directeur de l'orphelinat: il n'y a pas d'intention criminelle, il n'y a pas d'infraction», a déclaré à la presse leur avocat Aviol Fleurant.

«Ce mot «enlèvement» veut dire utiliser la violence, des moyens frauduleux, il faut faire attention à utiliser les mots qui se justifient», a renchéri Louis-Gary Lessade, qui défend Jim Allen, un des Américains. «Il ne savait pas, il croyait que tout était légal mais ça ne l'était pas», a-t-il assuré.

«Des gens qui venaient avec bonne volonté ont peut-être commis des erreurs», a poursuivi le conseil, pour qui le terme «adoption» est mal adapté parce que «tout était en suspens après la catastrophe».

Les membres de ce groupe appartenant à une association caritative de l'Idaho ont été inculpés la semaine dernière d'«enlèvement de mineurs» et «association de malfaiteurs».