Les sinistrés qui s'entassent dans les centaines de camps de Port-au-Prince s'installent.

Depuis deux jours, ils se bâtissent des refuges permanents, a constaté La Presse. Les tentes de draps multicolores ont cédé leur place à des abris de fortune construits avec des débris récupérés dans les maisons effondrées.

Hier après-midi, sur le Champ-de-Mars, des dizaines d'hommes maniaient scie et marteau. Tenant fermement une maigre poutre de bois, Doris Bertrand posait le dernier mur de sa nouvelle maison. Père de trois enfants, il s'est retrouvé à la rue après le séisme du 12 janvier. Comme 300 000 personnes, il s'est réfugié dans un des 500 camps de la ville.

«Je ne pouvais pas rester à la belle étoile tout le temps, dit-il. Au moins, maintenant, j'ai un toit de tôle.» Comme tous ses voisins, M. Bertrand s'est procuré les matériaux de sa nouvelle demeure dans les ruines de l'ancienne.

Quelques mètres plus loin, Faveur Nancy a accepté avec joie de faire visiter son nouvel abri. La pièce unique, d'une superficie d'à peine 6 m2, a été construite par son oncle. «Nous sommes deux familles ici. En tout, on est 20 personnes», raconte la jeune femme de 23 ans. Seul hic : il n'y a pas de plafond. Seuls des draps blancs flottent au vent. Qu'adviendra-t-il s'il y a un orage? «Ça va résister. Si Dieu le veut», espère Mme Nancy.

Juste en face, Wilnaire Bienvenue était plutôt fier d'avoir construit deux maisons de contreplaqué pour sa famille. «On ne sait pas combien de temps on va rester ici. Aussi bien être préparé», remarque-t-il.

Dans le quartier de Nérette, le camp aménagé à flanc de montagne ressemble à un nouveau bidonville. Les maisons de tôle rouillée se succèdent, plantées sur une falaise de terre.

La jeune Pierre Elsi, qui tient son bébé de 4 mois dans ses bras, explique qu'ils sont 12 à vivre dans son nouveau logis fait de tôle et de bois. «On ne pouvait pas rester à la belle étoile. On prévoit rester longtemps comme ça», dit-elle.

Tous les habitants du camp de Nérette se sont construit une cabane à flanc de montagne, reconnaît Marietta Pierreville, qui occupe le secteur. Ils sont environ 400 comme elle à vivre entassés comme des bêtes. N'a-t-elle pas peur que tout s'écroule lorsque la saison des pluies commencera? «Mais non... Il ne faut pas penser à ça», souffle-t-elle.