La situation s'améliore un peu chaque jour à Jacmel et à Léogâne, deux villes presque entièrement dévastées où sont déployées les troupes canadiennes, mais on ne pourra tenir encore longtemps avec des camps surpeuplés, prévient le brigadier-général Guy Laroche.

Comme tout le monde en Haïti, les forces canadiennes attendent impatiemment l'arrivée des centaines de milliers de tentes retenues on ne sait trop où entre les différentes organisations non gouvernementales, les autorités haïtiennes ou dominicaines, les bateaux qui ne peuvent approcher...

 

Partout dans le pays, une seule question: où sont les fameuses tentes promises depuis près de trois semaines et réclamées désespérément par un gouvernement haïtien visiblement dépassé par l'ampleur de la catastrophe?

«Ça prend des tentes, ces gens-là ne pourront vivre dehors encore très longtemps: les pluies s'en viennent (NDLR: normalement, à la fin février pour quelques semaines) et les conditions sont très difficiles dans les camps de déplacés. Il y a parfois jusqu'à 5000 personnes entassées dans des stades de soccer, c'est difficile», explique le brigadier-général Laroche, commandant des forces terrestres au Québec et responsable des opérations militaires canadiennes en Haïti, croisé cette fin de semaine au quartier général du gouvernement haïtien. M. Laroche sortait alors d'une rencontre privée, en compagnie des commandants militaires d'autres pays, avec le président René Préval.

Comme tout le monde aussi, le brigadier-général Laroche a entendu dire que les tentes arriveront incessamment, mais pour le moment, elles se font rares. «Il y en a dans le pipeline, nous dit-on, mais ce n'est pas nous qui contrôlons ça. Moi, j'offre les bons bras des soldats canadiens. On va les monter avec plaisir, les tentes!»

L'inexplicable pénurie de tentes complique sérieusement les opérations et met la vie de milliers de survivants en danger, mais sur le terrain, à Jacmel et à Léogâne, Guy Laroche constate une certaine amélioration. Lente, mais constante.

«Il y a du progrès. Nous servons plus de repas chaque jour, plus d'eau aussi, nous traitons plus de gens. À Jacmel seulement, nous traitons autour de 300 blessés par jour», dit-il, ajoutant: «Pour le moment, c'est plus calme que je pensais (dans les camps).

«Je m'attendais à pire. Mais ça reste difficile et il y a des risques quand les gens ont faim et vivent dans des conditions précaires.»

Le brigadier-général Laroche a reçu hier le renfort de 300 nouveaux soldats canadiens, ce qui porte leur nombre à près de 2000 en Haïti.