Même si elle a vu le jour jeudi en Haïti, Monique-Lucie Marie porte pourtant un nom bien canadien.

L'enfant est née à quelques mètres d'une plage, près de Jacmel, avec l'assistance de deux membres des Forces canadiennes. Et pour leur rendre hommage, les parents ont choisi pour leur poupon les deux prénoms des bienfaitrices, grâce à qui la petite a vu le jour au beau milieu des débris et des mauvaises nouvelles au sud-est du pays secoué par un violent séisme le 12 janvier. Ainsi, le prénom de la petite merveille pesant six livres et déjà couronnée d'une tignasse de cheveux tire ses origines d'un endroit appelé Oromocto, au Nouveau-Brunswick et de la ville de Québec. Puisque ce sont respectivement les villes d'origine de la caporal Monique Bartlett et de la caporal-chef Lucie Rouleau, les deux techniciennes médicales qui ont porté assistance à la mère de Monique-Lucie lors de son accouchement dans une tente en toile improvisée en clinique médicale.

Ému, le père a promis à sa fille qu'il lui raconterait un jour d'où provient son nom. «Je l'ai fait pour dire merci, a relaté Jean-Charles Pierre. Je vais un jour lui dire qu'un beau milieu d'une catastrophe naturelle, les Canadiens étaient à Jacmel. Et qu'elle en porte le nom.»

Après l'accouchement, le nouveau papa prenait fièrement des clichés de son enfant, entourée de Mme Barlett et de Mme Rouleau, qui parlent respectivement l'anglais et le français.

Monique-Lucie est le premier bébé né dans la clinique militaire installée aux abords de la plage de Jacmel, où l'Equipe d'intervention en cas de catastrophe du Canada a ses campements. D'autres Canadiens ont cependant déjà participé à des accouchements post-séismes dans une autre clinique, cette fois proche de Léogâne.

Les militaires et bénévoles canadiens ont pris en charge une bonne partie du travail médical dans les communautés situées au sud d'Haïti depuis que la terre a tremblé il y a deux semaines.

Celle qui allait bientôt devenir maman, Marie-Jean Jilles est arrivée à la clinique militaire très tôt jeudi matin et souffrait de légères contractions. Après quelques heures de travail, l'accouchement a eu lieu peu avant 13 h et s'est déroulé rondement. Aucun calmant n'a été nécessaire.

Cela a cependant pris un peu de temps avant que la petite vedette réussisse à téter le sein de sa mère mais dès qu'elle y est parvenue, elle a provoqué une ronde d'applaudissements des soldats présents dans la tente canadienne.

Monique Barlett a été la première à savoir que la petite portait son prénom. Le père lui a dit: «tu as accouché le bébé, alors c'est quoi ton nom? «Et j'ai répondu «Monique»'. Puis, M. Pierre a ajouté «et c'est qui elle?», pointant Lucie du doigt. «Alors il a dit «je vais appeler le bébé Monique-Lucie»', a témoigné la technicienne, qui s'est dite un peu émue après avoir appris la nouvelle. «J'étais très touchée et j'ai du mal à décrire comment je me suis sentie. C'était un honneur», a ajouté Mme Barlett.

Quant à Lucie, elle évoque un sentiment étrange. «C'était très émouvant pour nous», a-t-elle affirmé, les mains sur le coeur.

Le major et obstétricienne de formation, Annie Bouchard, également originaire de la ville de Québec, a supervisé l'accouchement, ne pouvant pas elle-même y participer en raison d'une blessure à la main.