Chefs de gang évadés, trafiquants d'enfants et délinquants en tous genres font peser une sérieuse menace sur les droits de l'homme en Haïti dévasté par un séisme le 12 janvier, a averti mercredi la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay.

Dans un message au Conseil réuni à Genève pour une session extraordinaire sur la situation en Haïti, Navi Pillay a exprimé ses «craintes que des prisonniers évadés des prisons d'Haïti, dont des gangsters endurcis, puissent se procurer des armes et s'engagent dans des activités criminelles violentes». Elle a également fait état d'informations «alarmantes sur des exécutions sommaires (de criminels présumés) par des foules en colère».

«Tirant les leçons du passé, nous devons prévenir et enrayer ces violations (des droits de l'homme) qui se produisent souvent après les catastrophes», a demandé la Haut commissaire.

«Une partie des chefs de gangs sont dans la nature (alors que) la police et la justice ont été durement frappées par la catastrophe», a confirmé M. Michel Forst, expert indépendant de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Haïti.

L'évasion de prisonniers dangereux intervient alors qu'en juin dernier M. Forst s'était félicité devant le Conseil des droits de l'homme des «progrès de la situation sécuritaire» dans le pays. «Le nombre d'enlèvements avait diminué, les principaux chefs (avaient été) arrêtés, et j'y voyais des signes encourageants», a rappelé l'expert de l'ONU en estimant cependant que «l'élan n'a été qu'interrompu, il n'a pas été brisé».

«La situation actuelle en Haïti est un environnement favorable pour les trafiquants, ceux qui fournissent des adoptions illégales, ou d'autres qui veulent profiter de la situation (...) pour faire sortir des enfants d'Haïti», a en outre averti le directeur adjoint du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) Dermot Carty en indiquant que des enquêtes avaient déjà été ouvertes à ce sujet.

La session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme, qui s'est ouverte par une minute de silence à la mémoire des victimes, a été convoquée à la demande de 37 des 47 États membres du Conseil, soutenus par une trentaine de pays observateurs.