La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est dite «profondément meurtrie» par les critiques envers l'opération de secours américaine après le séisme en Haïti, expliquant que les États-Unis faisaient tout leur possible pour aider ce pays.

«Je suis profondément meurtrie par ceux qui s'en prennent à notre pays, à la générosité de notre peuple et au rôle d'entraînement de notre président pour tenter de répondre à une catastrophe historique après le séisme», a dit Mme Clinton devant des personnels du département d'Etat à l'occasion d'un forum marquant sa première année à la tête de la diplomatie américaine.

Mme Clinton n'a pas précisé à quelles critiques elle faisait allusion, mais a estimé qu'«une partie de la presse internationale a soit mal compris, soit délibérément mal interprété» les intentions des Etats-Unis dans l'envoi de troupes en plus de personnel civil pour aider à reconstruire Haïti.

L'envoi des deux types de personnel était nécessaire «pour fournir de l'aide aux Haïtiens qui en avaient désespérément besoin», a-t-elle insisté, ajoutant: «Nous avons fait de notre mieux au cours des deux dernières semaines».

«Je n'ai aucun problème avec quiconque émet une critique légitime envers notre pays. Je pense que nous pouvons en tirer des enseignements et qu'il est stupide de mettre la tête dans le sable en prétendant le contraire», a-t-elle dit. Mais «ce que nous demandons, c'est que les gens nous considèrent d'un oeil impartial».

Le chef de la sécurité civile italienne, Guido Bertolaso, a critiqué dimanche le manque de coordination de l'aide internationale en Haïti, disant que les Etats-Unis avaient «trop de gradés» sur le terrain et étaient incapables de trouver quelqu'un pour en prendre le commandement.

Se démarquant de M. Bertolaso, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a toutefois rendu hommage mardi à l'action des Etats-Unis.

«La réponse a été rapide, mais sans l'intervention généreuse et significative des Etats-Unis, tout aurait été beaucoup plus difficile. Dans des situations critiques comme celle-ci, il est malheureusement inévitable qu'émergent des difficultés» dans la coordination de l'aide, a-t-il observé.

Le Nicaragua, le Venezuela et Cuba ont dénoncé une «occupation» d'Haïti par les troupes américaines.

Quant au secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, il avait déclaré depuis Port-au-Prince avoir élevé une protestation auprès des Etats-Unis après qu'un avion français transportant un hôpital eut été empêché d'atterrir à l'aéroport sous administration américaine. Le ministère français des Affaires étrangères avait ensuite démenti toute protestation.

Le département d'Etat a par ailleurs critiqué la couverture de l'intervention américaine faite par Al-Jazira en anglais.

Le porte-parole du ministère, Philip Crowley, a dénoncé la couverture «injuste et déséquilibrée» faite selon lui par la télévision du Qatar qui aurait assimilé les efforts américains à une «militarisation».

Al-Jazira a ainsi comparé la présence américaine à l'aéroport de Port-au-Prince à la «zone verte» de Bagdad où sont regroupés les GI's, selon M. Crowley.

En réponse, Al-Jazira en anglais a défendu sa couverture du séisme, que la chaîne a qualifiée de «juste, équilibrée et détaillée».

Le reportage incriminé par Washington «reflétait les préoccupations des gouvernements brésilien et français, d'associations humanitaires et de nombreux Haïtiens», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la chaîne, soulignant qu'elle avait interrogé M. Crowley lui-même en direct le même jour.