Les habitants de Port-au-Prince ont encore été réveillés mardi par deux secousses sismiques, deux semaines exactement après le tremblement de terre qui a dévasté la capitale haïtienne, où des milliers de blessés ont dû être amputés.

«On ne peut pas s'habituer aux séismes. A chaque secousse c'est la même angoisse, tout le monde a eu peur», confie Edison Constant, commerçant dans le centre-ville, qui a ressenti la deuxième secousse à 6h16.

L'Institut géophysique américain (USGS) a évalué la secousse à 4,4 sur l'échelle du moment (Mw). Mais certains habitants de Port-au-Prince et des journalistes de l'AFP ont également ressenti une autre réplique une heure plus tôt.

Depuis l'énorme secousse de magnitude 7 qui a fait au moins 150 000 morts le 12 janvier, plus d'une cinquantaine de répliques ont agité Haïti, la plus forte atteignant 5,9 le 20 janvier sans faire apparemment de nouvelles victimes.

C'est peut-être l'une de ces secousses qui a emprisonné pendant 12 jours un homme de 31 ans sauvé mardi à Port-au-Prince par l'armée américaine.

Un photographe de l'AFP présent sur place a constaté qu'il était blessé au visage, couvert de poussière et amaigri. Il souffre d'une jambe cassée et de déshydratation, selon l'armée américaine. «Il a été envoyé à l'hôpital, il va s'en sortir», a déclaré un soldat.

Avant ce sauvetage, 133 personnes avaient été dégagées vivantes des décombres par des équipes internationales de sauveteurs. Un homme de 25 ans, avait été dégagé samedi.

Des «milliers» d'Haïtiens ont dû être amputés après avoir été gravement blessés dans le séisme, a indiqué depuis Genève l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Dans certains hôpitaux, nous avons vu 30 à 100 amputations par jour», a indiqué un porte-parole de l'OMS, Paul Garwood. L'organisation internationale cherche maintenant à faciliter la rééducation de ces rescapés.

Jusqu'à présent, aucune maladie transmissible ne s'est déclarée en Haïti, «mais les risques existent», surtout «dans des zones surpeuplées où l'eau et les installations sanitaires sont extrêmement rares», a expliqué M. Garwood.

Près de 30 000 bâches vont être distribuées dans les 48 heures pour permettre aux Haïtiens de réparer leurs maisons, a annoncé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a prévenu qu'il faudrait commencer à reconstruire en dur avant la saison des pluies en mai-juin.

Côté diplomatique, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a joint sa voix à celles appelant à l'annulation de la dette du pays le plus pauvre des Amériques.

Elle a par ailleurs avoué être «profondément meurtrie» par les critiques émises envers l'intervention de son gouvernement. Washington a déployé de nombreuses équipes de sauveteurs et de travailleurs humanitaires, épaulées par 20 000 GI's sur terre et sur mer. Face à cette armada, certains Etats, Venezuela en tête, ont accusé les Etats-Unis de profiter de la catastrophe pour «occuper» Haïti.

L'armée américaine pourrait commencer à réduire sa présence d'ici trois à six mois si les organisations internationales ont les moyens de prendre le relais, a dit le vice-amiral Alan Thompson, directeur de l'Agence de défense chargée de la logistique.

La période d'urgence médicale durera quant à elle «probablement deux à trois mois», a estimé mardi Chris Jobe, responsable américain des chirurgiens étrangers opérant dans un grand hôpital de Port-au-Prince.