Le dirigeant cubain Fidel Castro a dénoncé dimanche le déploiement de milliers de soldats américains à Haïti, dévasté par un séisme, et déploré le silence de l'ONU sur cette «occupation» qui ne fait, selon lui, que compliquer encore la situation dans ce pays.

«Au milieu de la tragédie haïtienne, sans que personne ne sache comment ni pourquoi, des milliers de soldats des unités des Marines des États-Unis, des troupes aéroportées de la 82e Division et d'autres forces militaires ont occupé le territoire d'Haïti», écrit l'ancien président cubain dans un billet publié sur le site Internet officiel Cubadebate.cu.

«Pire encore, ni l'Organisation des Nations Unies, ni le gouvernement des États-Unis ont offert une explication à l'opinion publique mondiale sur ces mouvements de forces», ajoute-t-il.

Le déploiement à Haïti du contingent américain, qui devrait atteindre les 20 000 hommes avant la fin du week-end, a déjà été dénoncé avec force par la Bolivie et surtout le Venezuela d'Hugo Chavez.

«Plusieurs pays annoncent pour leur part l'envoi additionnel de soldats et d'équipements militaires. De tels faits vont selon moi contribuer à compliquer et rendre encore plus chaotique la coopération internationale qui est déjà très compliquée», estime Fidel Castro, 83 ans.

«Il faut discuter de cette question sérieusement et assigner à l'ONU le rôle directeur qui lui correspond sur ce délicat sujet», écrit-il alors qu'une réunion internationale sur Haïti doit se tenir lundi à Montréal.

Fidel Castro loue «la conduite éthique» de son pays qui «envoie des médecins et non des soldats» et qui a ouvert la semaine dernière son espace aérien aux avions américains pour permettre un acheminement plus rapide de l'aide à Haïti.

Sous embargo américain depuis 1962, l'île communiste n'a plus de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis depuis près d'un demi-siècle.

Plus de 112 000 personnes ont trouvé la mort dans le séisme du 12 janvier à Haïti.