Dans Port-au-Prince en ruines, les scientologues sont bien visibles avec leurs tee-shirts jaunes frappés du logo de la très controversée Eglise de Scientologie. Ils sont venus proposer de soigner les victimes du séisme du 12 janvier.

Tout sourire, les volontaires virevoltent de blessé en blessé sous les tentes de l'hôpital général de la capitale haïtienne.

«Nous sommes tous rompus au "procédé d'assistance par le toucher". Cela consiste à rétablir la communication avec des parties du corps blessées ou malades», explique une Parisienne qui dit simplement s'appeler Sylvie.

Sylvie fait partie d'une équipe de 80 volontaires de l'Eglise de Scientologie. Un généreux donateur anonyme leur a prêté son avion privé pour les envoyer avec 50 médecins Américains sur la zone sinistrée. Le coût de l'opération a été de 400 000 dollars, révèle Sylvie.

«Lorsque votre corps reçoit un coup, l'énergie reste bloquée. Alors nous, nous rétablissons la communication à l'intérieur du corps en touchant les gens à travers leurs vêtements», poursuit-elle.

A côté d'elle, gît Oscar Elweels, un étudiant de 22 ans. Oscar a été extrait des décombres de sa faculté par son père. Pendant 24 heures, le jeune homme est resté enterré sous les ruines, avec un pilier qui écrasait sa jambe.

Sa jambe droite a dû être amputée au-dessous du genoux et sa jambe gauche est pleine de bleus et de contusions.

Plus de la moitié de ses camarades sont morts dans l'effondrement du bâtiment, mais toute sa famille est saine et sauve. «Grâce à Dieu», dit-il.

«Il y a une heure encore il ne sentait plus sa jambe gauche, alors je lui ai expliqué notre procédé. Je l'ai touché et après un certain moment, il m'a dit: "j'ai de nouveau des sensations"» dans la jambe, explique Sylvie.

Sans le «procédé d'assistance par le toucher», les médecins «auraient dû lui amputer l'autre jambe. Maintenant, sa soeur connaît le procédé et elle peut s'en servir», insiste la scientologue.

Et Oscar, qu'en pense-t-il?

«C'est une sorte d'harmonie entre les nerfs (...). Je ne ressentais rien, et voilà que maintenant c'est revenu», dit-il. Et quand on lui demande s'il connaît la scientologie et sa réputation, Oscar répond: «Oui, c'est une organisation française». Le fondateur de la scientologie, L. Ron Hubbard, mort en 1986, était en réalité Américain et le siège de l'organisation se trouve aux Etats-Unis.

En France, elle est considérée comme une secte.

Et dans l'hôpital central de Port-au-Prince la présence de volontaires comme Sylvie fait grincer des dents. A l'image de ce praticien américain qui ne souhaite pas donner son nom. «J'ignorais qu'on pouvait soigner la gangrène grâce au toucher», ironise-t-il.

Un de ses confrères dit qu'il «ne sait pas» ce que font les scientologues dans l'enceinte de l'hôpital.

Pour Sylvie, cette méfiance provient du fait qu'elle et ses compagnons portent des tee-shirts jaunes. «C'est une question de couleur», se défend-elle.

Mais est-elle sensible aux critiques lancées par les médecins ? «Pas vraiment», répond-elle, tout en poussant un patient inconscient hors d'une salle d'opérations pour l'emmener dans la cour de l'hôpital baignée de soleil.