Le gouvernement fédéral a annoncé ce matin qu'un premier groupe d'orphelins haïtiens arrivera au Canada demain matin à bord d'un vol humanitaire. Malgré que les autorités leur aient formellement déconseillé de se rendre en Haïti, des parents inquiets ont tout de même quitté le Québec très tôt ce matin pour s'assurer que leur départ se déroule «dans les règles de l'art».

Les futurs parents Pascal Croteau, Julie Légaré et Jayne Engle-Warnick accompagnent présentement Ginette Gauvreau, la responsable de l'adoption à l'agence Soleil des nations. Lorsque La Presse les a rejoints en début d'après-midi, ils se trouvaient en République-Dominicaine et roulaient en direction de la frontière haïtienne.

«On travaille contre personne», a déclaré Pascal Croteau, un militaire basé à Valcartier. «Lorsqu'on a appris, cette nuit, l'annulation de l'envoi d'un groupe de spécialistes humanitaires qui devait aller en Haïti pour identifier les enfants, on a décidé de partir pour effectuer le lien entre les crèches et l'ambassade canadienne. Mme Gauvreau est au courant des dossiers. Le but, c'est de s'assurer que les bons enfants soient envoyés au Canada.»

Informée de la situation, la ministre déléguée au Services sociaux, Lise Thériault, a rétorqué ce matin sur les ondes de Radio-Canada que les militaires canadiens chargés d'assurer le transport des petits Haïtiens sont sensibilisés à cet enjeu.

Le groupe de parents souhaitait se rendre rapidement à la frontière qui ferme vers 18h00. Le hic, c'est que l'avion qui doit transporter les premiers orphelins doit arriver au Canada à 6h30 demain matin.

L'appareil se posera à Ottawa, et ce, en dépit du fait que 103 des 154 enfants haïtiens attendus sont destinés à des familles québécoises.

«Les enfants qui vont venir d'Haïti vont aller dans sept provinces canadiennes. Il y a en a beaucoup du Québec, de l'Alberta et de la Saskatchewan», a affirmé le ministre canadien de l'Immigration, Jason Kenney, lors d'un point de presse ce matin à Ottawa.

«Sur notre premier vol, nous nous attendons à recevoir un grand nombre d'enfants et nous voulons avoir la capacité de les traiter. Par ailleurs, les futurs parents viennent de partout au pays donc il faut avoir une installation où l'on peut garder les enfants dans les situations où les parents peuvent arriver toute la journée», a-t-il ajouté.

Peu de détails

Le ministère de l'Immigration a été incapable de préciser combien d'enfants adoptifs allaient être accueillis au pays, mais a indiqué que d'autres bambins allaient être transportés à bord de vols commerciaux et militaires au courant de la semaine.

Des employés du gouvernement fédéral contactent présentement les parents des enfants qui prendront place à bord du vol. En raison de la complexité de l'opération, le ministre Kenney, a souligné qu'on ne connaîtrait pas le nombre précis de petits Haïtiens qui arriveront jusqu'à «très tard dans le processus». Il a ajouté que les prochains vols allaient atterrir à Montréal.

Pour l'instant, le gouvernement d'Haïti a autorisé la sortie de 154 enfants. Le ministère de l'Immigration travaille également à accélérer la venue de 86 autres dont les dossiers d'adoption sont rendus à un stade avancé.

«Dès que les enfants arriveront à l'ambassade de Port-au-Prince nous organiseront leur départ à destination du Canada au cours des prochains jours. Nous aviserons les parents sur les dispositions du voyage dès leur arrivée à l'ambassade et dès la délivrance de leurs documents», a dit le ministre Kenney.

Il a également fait savoir que les autorités canadiennes allaient maintenant consacrer davantage d'énergies à leur programme de réunification familiale.

«Bien que nous nous soyons penchés en priorité à l'adoption, nous accorderons une plus grande priorité à l'évacuation des gens dans la catégorie de réunification familiale. Nous avions déjà plus de 2000 demandes dans notre système datant d'avant le séisme et nous attendons d'en voir rentrer des milliers d'autres au cours des prochains jours, mois et semaines.»