C'est finalement 103 petits Haïtiens que des parents québécois pourront bientôt prendre dans leurs bras comme leurs propres enfants, d'ici quelques heures, quelques jours, ils ne le savent trop.

Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a fait savoir vendredi que 154 enfants se trouvant présentement en Haïti seraient bientôt prêts à venir au Canada pour être remis à leurs parents adoptifs, le processus ayant déjà été amorcé et étant suffisamment avancé.

De ce nombre, 103 sont destinés au Québec, a précisé vendredi la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault. Les autres enfants sont destinés à des parents d'autres provinces canadiennes.

La ministre Thériault a d'ailleurs rencontré plusieurs dizaines de parents, vendredi, dans un hôtel de Montréal, pour faire le point sur la situation. Et bien que peu de renseignements supplémentaires aient été apportés avec certitude par les autorités, les parents interrogés après la rencontre semblaient soulagés ou trépignaient d'impatience, mais n'étaient ni inquiets ni insatisfaits, loin de là.

Ainsi, les autorités ignorent encore quel jour, à quelle heure, par quel avion ces enfants des crèches haïtiennes arriveront.

Les autorités attendent qu'un avion soit disponible et qu'il puisse être adapté aux besoins particuliers de dizaines de bébés et jeunes enfants à la fois.

«On espère voir le plus tôt possible l'avion. Je ne vous donnerai pas d'heure, par respect pour les parents aussi. Les parents ont bien compris qu'il y a beaucoup de choses qu'on ne contrôle pas, ne serait-ce que d'aller chercher les enfants, pour ceux qui ne sont pas à Port-au-Prince», a justifié la ministre Thériault, après la rencontre avec les parents, qui a duré plus d'une heure et demie.

«J'espère qu'on se reverra en fin de semaine», a-t-elle laissé tomber, optimiste quant à l'arrivée des premiers enfants.

La ministre a pris soin d'ajouter que certains enfants arriveront avec un «jugement final d'adoption», alors que d'autre non.

«A chaque minute, à chaque heure, il peut y avoir des noms qui s'ajoutent», a-t-elle noté.

Dès leur arrivée à l'aéroport, les enfants seront dirigés vers le CHU Sainte-Justine, où le personnel médical procédera aux examens nécessaires, a-t-on précisé.

Des parents soulagés

«On a des bonnes nouvelles, c'est sûr. On n'a pas de date; on ne sait pas quand est-ce que ça part, mais tout est prêt. On est soulagé», s'est exclamée Sonia Martel, à sa sortie de la rencontre avec la ministre Thériault et plusieurs fonctionnaires. Mme Martel attend une petite fille de 3 ans. «Aussitôt que c'est possible, ils commencent à en ramener.»

«Dans quelques heures il va être ici», s'est exclamé à son tour Richard Bourgon, qui attend son petit Victor. «Aussitôt que le vol va décoller de là-bas, on va être informé par notre agence que les enfants s'en viennent.» A ses côtés, son épouse a remercié les autorités de mener toutes ces démarches, si complexes vu le contexte de l'après séisme.

«J'ai encore espoir qu'elle va arriver en fin de semaine», a confié quant à elle Johanne Marcotte. Elle attend depuis 37 mois bien comptés. Mme Marcotte avoue que toutes ses craintes ne seront dissipées que lorsqu'elle serrera sa petite fille dans ses bras. «Dès que j'aurai ma petite fille dans mes bras, c'est sûr je vais être correcte. Pour le moment, je garde espoir. Il faut faire confiance», confiait-elle.