Un groupe d'aide pour les enfants exhorte le gouvernement fédéral à ne pas s'empresser à encourager les Canadiens à adopter des enfants haïtiens ayant été séparés de leurs parents à la suite du séisme de la semaine dernière.

La coordinatrice des programmes de SOS Villages d'enfants Canada est d'avis que tous les efforts devraient être faits pour retracer les parents manquants de tous les enfants haïtiens avant de décider de les envoyer au Canada, une opération qui devrait prendre au moins un an.

«La première raison, c'est que ces enfants n'ont pas été confirmés comme étant orphelins», a expliqué Kelsey Lemon au cours d'une entrevue.

«En ce moment, ils sont ce qu'on appelle des «enfants non accompagnés', alors ils peuvent avoir des membres de la famille étendue, des parents qui n'ont tout simplement pas été en mesure de les contacter.»

«Leurs parents pourraient être en vie dans un hôpital quelque part», a-t-elle ajouté.

Kelsey Lemon parlait spécifiquement des enfants qui ont perdu contact avec leurs parents depuis le séisme du 12 janvier, et non à ceux dont l'adoption a déjà été approuvée au Canada.

De son côté, le gouvernement fédéral dit collaborer avec les provinces et le gouvernement haïtien pour accélérer le processus d'adoption déjà entamé au pays.

Jeudi, le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a indiqué que les premiers enfants adoptés pourraient arriver au pays dès cette fin de semaine.

Au dire de Mme Lemon, les efforts doivent être consacrés afin de réunir les familles lorsque la situation en Haïti se sera stabilisée.

«Ce n'est que lorsqu'on saura qu'il n'y a pas de membres de la famille pouvant s'occuper d'eux qu'on pourra prendre d'autres décisions», a-t-elle argué.

Selon elle, tout plan consistant à faire rapidement venir au Canada des enfants et leur trouver une famille serait une erreur, parce que bon nombre d'entre eux sont déjà gravement traumatisés.

Mme Lemon a fait valoir qu'il pouvait être très traumatisant pour des enfants d'être envoyés dans un pays étranger, puisqu'ils ne connaîtront pas les personnes les entourant et parce qu'ils seront face à un climat et à une langue qu'ils ne connaissent pas.

L'organisme de Kelsey Lemon, qui est établi à Ottawa, gère deux centres communautaires en Haïti fournissant des vivres, des soins et un toit.

Selon Mme Lemon, le nombre d'enfants seuls qui habitent ces centres a presque doublé depuis le séisme. Les 410 enfants qu'ils hébergeaient déjà ont été rejoints par 350 autres.

Mme Lemon affirme que la situation sécuritaire se détériore et que ses employés ont dû réparer un mur dans lequel des fissures étaient apparues après le tremblement de terre.