Les équipes de l'ONU et les autorités haïtiennes, qui reprenaient peu à peu les rênes du pays, se concentraient vendredi sur le relogement de près d'un million de sinistrés mais l'ampleur de la tâche restait vertigineuse dix jours après le séisme du 12 janvier.

Alors que l'espoir de retrouver des miraculés sous les décombres s'amenuise d'heure en heure, l'ONU concentre «ses efforts sur la distribution de l'aide, pour la rendre la plus efficace et la plus rapide possible. Il faut donner un toit aux sans-abri», a insisté la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs, à Genève.

Vingt mille tentes permettant de loger 100 000 personnes ont été dressées à Port-au-Prince. Quelque 20 000 autres sont attendues.

«Les équipes de secours se concentrent de plus en plus sur l'aide humanitaire aux personnes qui en ont besoin», a-t-elle expliqué à l'AFP.

«Les équipes légères, épuisées, commencent à rentrer chez elles», a ajouté Mme Byrs. «Les équipes munies d'équipement lourds, continuent de désincarcérer des corps».

Les sauveteurs internationaux, gérés par l'ONU, sont parvenus à retrouver 121 personnes sous les décombres, un record pour ce genre de catastrophe, selon le dernier bilan d'Ocha, dix jours après le séisme qui a fait au moins 75 000 morts et 250 000 blessés.

La veille, le ministre haïtien de l'Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé avait déclaré que les autorités étaient «en train de reloger des sans-abri», ajoutant que des «villages» pouvant accueillir chacun 10 000 personnes allaient être installés en dehors de la capitale Port-au-Prince.

«Nous sommes en train de reprendre le contrôle» de la situation, a assuré dès jeudi le président haïtien René Préval.

«Les pompes à essence ont recommencé à être approvisionnées et les banques rouvrent», a-t-il ajouté. «L'aide s'organise et va continuer à s'améliorer».

Les «pays amis» d'Haïti, dont les États-Unis, la France et le Brésil, tiendront lundi à Montréal une réunion d'urgence pour coordonner leur aide et pour préparer une conférence sur la reconstruction du pays dévasté.

Trouver un toit pour les sinistrés est une priorité: l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a estimé à au moins 500 000 le nombre de sans-abri rien que dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

Les autorités haïtiennes parlent d'un million, dans l'ensemble du pays.

Les agences onusiennes comptaient de «500 000 à 700 000» déplacés dans la seule capitale. De leur côté, les autorités haïtiennes ont dénombré 508 campements dans la capitale, a précisé Ocha. Sur les 350 visités par l'ONU, seuls six ont accès à l'eau potable.

Les conditions d'hygiène sont abominables: des femmes se lavent près des immondices, des enfants font leurs besoins au milieu des rescapés...

Dans le quartier en ruines de Nerette à Port-au-Prince, des habitants venus rendre hommage à une victime portent des masques, maigre rempart contre la puanteur.

Mais cette cérémonie est aussi un hymne à la vie, explique le veuf, Icare Garry. «On a retrouvé notre bébé de trois mois vivant». C'est un «bébé-miracle».

Pour aider à la reconstruction, l'ONU va lancer à ses frais un programme «argent contre travail» qui doit permettre à des Haïtiens de percevoir cinq dollars par jour pour participer aux travaux de déblaiement, nettoyage et reconstruction.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a pour sa part déjà fourni 3 millions de repas à plus de 200.000 sinistrés. Son objectif est de distribuer 10 millions de repas la semaine prochaine, à 100 000 personnes par jour.

L'appel de fonds d'urgence de l'ONU pour Haïti lancé le 15 janvier a été jusqu'ici couvert à 36%, soit 207 millions de dollars sur les 575 millions réclamés. Quelque 106 millions ont été également promis.

Côté infrastructures, quatre aéroports, dont celui de Port-au-Prince, sont désormais en service en Haïti et en République dominicaine voisine afin d'acheminer l'aide.

Les États-Unis ont envoyé une tour de contrôle pour faciliter la gestion des centaines de vols internationaux qui participent à l'aide humanitaire.

Les forces américaines, qui atteindront près de 20 000 hommes dimanche, travaillent aussi à la réouverture du port de Port-au-Prince, cruciale pour désengorger l'aéroport de la capitale.

Pour sa part, la Banque mondiale a annoncé qu'elle suspendait pendant cinq ans le remboursement des sommes dues par Haïti.