Le président haïtien René Préval a reconnu mercredi, huit jours après le séisme, un «problème de coordination» dans la distribution de l'aide internationale mais a salué son arrivée très rapide.

«Aujourd'hui le problème qui est posé est la coordination. L'aide arrive et on n'est pas préparé à la recevoir. Quand elle arrive, on nous dit: où sont les camions pour la transporter? Où sont les dépôts? L'aide va aller en augmentant. C'est la coordination de l'aide, pour savoir en quelles quantités, quand et comment la distribuer, qui est importante», a déclaré le chef de l'État haïtien à la radio publique française RFI et au quotidien Le Monde. M. Préval a écarté toute critique à l'égard des États-Unis, dont les soldats ont débarqué mardi devant le Palais présidentiel en ruines. «Il y a des blessés et des endroits pour les mettre. Si la pelouse du palais présidentiel peut servir à sauver des vies, je crois que les élans idéologiques doivent faire place à la charité. (...) C'est sur la pelouse du palais qu'ils doivent recevoir des soins, c'est ça qui est essentiel».

«Nous avons une collaboration avec plusieurs partenaires (...) Les Américains ont, sous l'égide de la (Mission de stabilisation des Nations Unies) Minustah, tout en ne faisant pas partie de la Minustah, offert leur aide pour la reconstruction. C'est toujours la Minustah, avec la police aidée par les Américains», qui est en charge de la sécurité à Haïti, a-t-il dit.

«Un pays ne meurt pas, un peuple ne meurt pas (...) Oui, nous allons nous relever, avec la prise de conscience des Haïtiens qu'on ne peut pas construire n'importe où, qu'il faut la stabilité politique pour construire dans la continuité», a souligné le chef de l'État.

«La stabilité politique et la démocratie sont la condition fondamentale du développement de ce pays», a-t-il encore observé. Il a aussi espéré que l'aide internationale «sera présente dans le moyen et le long terme».

M. Préval a préconisé «un plan d'occupation» des sols pour déterminer les zones favorables à la reconstruction et souligné que toute construction devrait recevoir «une autorisation» à l'avenir.

Le président a par ailleurs jugé que les quartiers de la capitale devaient «s'organiser» face à l'insécurité entretenue par des bandes. «Nous avons environ 2 500 policiers à Port-au-Prince et il y a 3 000 bandits qui sont sortis de la prison» détruite dans le tremblement de terre, a-t-il précisé.

«Ces gens-là constituent un danger parce que, pour chaque chef de bandits, il y en a dix ou vingt autres qui vont travailler avec lui», a-t-il estimé.

«Si les quartiers s'organisent pour dénoncer les bandits qui sont sortis de prison, pour raisonner ceux qui ont tendance au pillage, je crois que ça ira mieux», a-t-il dit.