Lorsque les Haïtiens ont appris que leur Palais national avait été détruit dans le séisme, ils ont craint que le président René Préval soit mort. Et ce dernier a en fait été à deux doigts de se retrouver enseveli dans les décombres.

Mardi soir, pour la première fois depuis le tremblement de terre, son épouse, Elisabeth Debrosse Préval, a fait le récit en public de la manière dont le couple présidentiel a vécu le moment où la secousse a frappé, dans l'après-midi du 12 janvier. Une heure plus tôt, le couple avait quitté le palais présidentiel, bâtiment historique au centre de Port-au-Prince, pour une cérémonie à l'école de droit de l'Université de la ville. Puis il avait gagné en voiture leur domicile privé, situé sur une colline dans le quartier de Canapé-Vert.

Ils rentraient à peine chez eux quand la terre s'est mise à trembler. «Nous nous sommes figés sur place, puis avons reculé de quelques pas, et la résidence s'est tout bonnement écroulée devant nous yeux», a raconté Mme Préval.

Choqués, le président et son épouse sont restés assis dans leur cour alors que les nouvelles de la tragédie dans toute la capitale leur arrivaient.

Puis le président, le chef de la police, le premier ministre et celui de l'intérieur ont pris des motos-taxis, hélés dans le chaos des rues, faisant le tour de la ville pour prendre la mesure de l'ampleur du drame, a expliqué la Première dame, conseillère économique devenue Mme Préval le mois dernier.

«Pendant tout ce temps, il ne savait pas où se trouvaient ses enfants, s'ils étaient pris au piège sous un immeuble effondré», dit-elle. Les deux filles de René Préval seront au bout du compte retrouvées saines et sauves. Elisabeth Debrosse a pour sa part perdu deux membres proches de sa famille.

La Première dame parlait à la presse au commissariat de police de l'aéroport devenu le siège provisoire du gouvernement haïtien, montrant aux journalistes les photos un peu floues qu'elle a prises de son mari la nuit du séisme. Des images du président, très secoué,

Alors que René Préval est de plus en plus critiqué par la population, pour n'avoir pas prononcé de discours public depuis le drame, son épouse a pris sa défense: «ceux qui sont vivants ont de la chance d'être vivants», a-t-elle lancé, exhortant tous à «se redresser et recommencer à avancer».

Certains reprochent à Préval de ne pas prendre un rôle plus important à la tête des opérations de secours, et les Haïtiens sont en colère de ne pas le voir plus visiter les zones dévastées.