Un village presque complètement détruit de la côte nord de la péninsule sud d'Haïti a finalement eu la preuve que de l'aide était en chemin, mardi.

Des marins canadiens ont en effet débarqué sur une plage parsemée de déchets afin de jeter les bases d'une opération d'assistance durable.

Environ 25 marins du NCSM Athabaskan, destroyer canadien arrivé dans la baie de Port-au-Prince mardi, ont accosté avec une petite embarcation gonflable. Une cinquantaine d'autres étaient attendus avant la fin de la journée.

Le NCSM Athabaskan portera secours à Léogâne et explorera les environs avant l'arrivée des membres du Royal 22e Régiment en route pour Haïti depuis leur base de Valcartier. Les marins pourront déterminer si des soldats pourraient y être déployés.

Selon le capitaine de corvette Geff Everts, les soldats du Royal 22e Régiment se déploieront dans la région de Léogâne au cours des prochains jours.

«Nous voulons aider dès que possible», a-t-il résumé.

A court terme, les marins canadiens seront responsables d'une station japonaise de premiers soins, apporteront un soutien médical à des bénévoles argentins et aideront un groupe nommé Action médicale canadienne à ériger ses installations.

Pour les résidants de Léogâne, petit village extrêmement pauvre rasé, selon le général Walt Natynczyk, à 90 pour cent par le séisme de la semaine dernière, l'arrivée des marins a été le premier signe depuis longtemps leur prouvant qu'ils n'avaient pas été oubliés.

«Nous avons besoin d'eau et de médicaments, a affirmé Sam Moly, un résidant. Nous n'avons rien reçu (de la communauté internationale). Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour nous.»

Mais le NCSM Athabaskan n'apporte guère en eau et nourriture, le destroyer étant davantage équipé pour fournir un appui à des organisations déjà sur place et du leadership dans des communautés vivant dans le chaos.

Avec le traitement des surinfections, les opérations de nettoyage et le maintien de la paix et de la sécurité, les efforts déployés en Haïti tendent du sauvetage vers l'assistance, a expliqué l'ingénieur et capitaine Blaine Thurston.

«Sept jours ont passé depuis le tremblement de terre, et il est de moins en moins probable que nous trouvions quelqu'un en vie», a-t-il fait valoir.

A l'intérieur d'une enceinte de l'Organisation des Nations unies mise sur pied par un contingent du Sri Lanka, l'un des rares groupes d'aide à s'être rendus à Léogâne, les médecins du NCSM Athabaskan étaient déjà à l'oeuvre mardi, soignant malades et blessés.

Les marins du NCSM Athabaskan désirent trouver un emplacement adéquat où s'installer. Et Léogâne est un sérieux concurrent.

Il s'agit d'un village dont l'économie repose sur l'agriculture et qui dépend de la production de bananes et de canne à sucre et de la pêche hauturière.

Sur la côte sud de la péninsule, un autre navire canadien, le NCSM Halifax, a été jeté l'ancre à proximité de la côte pour fournir de l'aide et des denrées aux habitants de Jacmel, ville natale de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean.

L'Equipe d'intervention en cas de catastrophe, aussi connue sous l'acronyme anglais DART, se trouve à Jacmel et se prépare à fournir aux victimes du séisme des soins médicaux, de l'eau potable et d'autres ressources, de même que des denrées et de l'assistance.

La présence des membres de DART et du NCSM Athabaskan confirment que l'aide canadienne est passée du sauvetage au secours.

«Notre objectif n'est pas de chercher dans les décombres et retrouver des restes humains, a confié le capitaine Blain Thurston, un ingénieur de l'armée qui a accompagné les marins à bord du Athabaskan.

«Nous allons plutôt tenter de retrouver des gens encore vivants et les aider à retrouver une certaine normalité dans leur vie.»

Les Canadiens espèrent bonifier le travail manuel effectué sur le terrain en inculquant un leadership fort nécessaire.

«Nous avons parlé à plusieurs jeunes hommes qui veulent travailler; ils ont besoin de supervision, d'aide et de gens pour les diriger.»

En attendant, des villes comme Léogâne n'ont reçu que très peu d'attention. Des marins canadiens ont pu constater de visu la colère de résidants rencontrés mardi, parce qu'ils disent avoir été oubliés pendant que l'aide était concentrée à Port-au-Prince.

«Nous leur disons que le secours est en route, et qu'il arrivera bientôt», a relaté le caporal-chef J.P. Somerset.

Malgré l'urgent besoin de secours, Léogâne est une ville de taille suffisamment restreinte pour que le Canada puisse faire une différence, contrairement à Port-au-Prince où les efforts ont le même effet que «de l'eau sur une éponge», note le capitaine Thurston.