Le Québec veut participer à la conférence des ministres des Affaires étrangères d'une dizaine de pays qui se tiendra à Montréal pour discuter des façons de venir en aide à Haïti.

Mais ce souhait, exprimé hier par le premier ministre Jean Charest, est reçu avec embarras à Ottawa. «C'est une conférence d'urgence pour permettre aux ministres des pays amis d'Haïti de discuter de solutions. Le Québec ne peut pas être à cette table», a soutenu hier, sans équivoque, Catherine Loubier, la porte-parole du ministre fédéral des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. On se perd en conjectures sur le rôle que pourrait jouer le Québec. Il ne peut pas même faire partie de la délégation canadienne. «Cela se passe ici, il n'y a pas de délégation», a-t-on résumé.Hier, en point de presse, M. Charest a soutenu avoir indiqué au ministre Cannon, qui l'avait joint au téléphone dimanche, que «le Québec veut être là». «Il m'a dit qu'il me reviendrait mais prévoyait qu'il y aurait une possibilité pour nous d'être à la conférence», a soutenu M. Charest.

Pas question toutefois de transformer l'affaire en litige fédéral-provincial. «On ne veut pas transformer cela en manoeuvre politique. La conférence vise à aider le peuple d'Haïti, et c'est ce que j'aimerais faire», a soutenu Jean Charest.

Les ministres des Affaires étrangères se joindront à Jean-Max Bellerive, le premier ministre haïtien. Plusieurs d'entre eux ont confirmé qu'ils seront à Montréal lundi, dont Hillary Clinton, secrétaire d'État de l'administration Obama. Les ministres du Brésil, de la France, du Chili, du Pérou, de l'Uruguay, du Mexique et du Costa Rica sont aussi conviés, comme «amis d'Haïti», tout comme les voisins, la Jamaïque et la République dominicaine. On attend aussi à Montréal des représentants de l'ONU et de l'Organisation des pays américains, ainsi que le Fonds monétaire international et la Banque interaméricaine de développement.

Une compensation pour Québec?

Hier, M. Charest a soutenu que le Québec entend discuter «des frais» entraînés par l'arrivée importante de ressortissants haïtiens à l'aéroport Montréal-Trudeau. Compte tenu du caractère subit du séisme, «on est allés au plus urgent sur le plan humain». Des ententes restent à finaliser avec Ottawa.

Québec souhaite qu'on permette aux membres de la famille étendue, frères et soeurs, oncles et tantes, de s'installer au Québec en vertu du programme de réunification des familles.

Dans l'ouverture de ses frontières aux réfugiés haïtiens, le Québec devra tenir compte de «sa capacité d'intégration», a souligné M. Charest. «Il ne s'agit pas d'aller tous azimuts.»