Essayant par tous les moyens d'échapper à la désolation, des centaines d'Haïtiens se sont massés devant l'ambassade du Canada hier. Plusieurs croyaient pouvoir obtenir un visa, mais leurs espoirs ont vite été anéantis.

En conférence de presse hier à Montréal, le ministre canadien de l'Immigration, Jason Kenney, a noté qu'il n'est pas question pour le moment d'ouvrir grandes les portes du pays aux sinistrés comme l'auraient laissé entendre certains animateurs radio en Haïti. On ne compte pas non plus mettre en branle un programme comme celui qui avait permis la venue de 5000 réfugiés kosovars en 1999.

 

La priorité, a rappelé le ministre, est accordée à la réunification familiale. «Nous sommes là pour aider les familles canadiennes à se réunir avec leur parenté en Haïti», a dit M. Kenney, après avoir rencontré brièvement des représentants de la communauté haïtienne montréalaise.

Pour accélérer le processus - qui peut prendre parfois jusqu'à sept ans -, des employés supplémentaires seront appelés à la rescousse dans les bureaux de Citoyenneté et Immigration Canada à Montréal ainsi que dans la région antillaise, a affirmé le ministre.

Ces renforts seront saisis des 2000 demandes de réunification familiale déjà en traitement ainsi que de celles présentées à la suite du séisme. Les demandes d'adoption seront elles aussi traitées en priorité.

Le gouvernement admet qu'il ignore combien de temps il faudra avant que des premiers sinistrés viennent rejoindre leurs proches au Canada. «Lors du tsunami et du tremblement de terre en Chine, ça a pris quelques mois. On me dit que, cette fois, ce sera plus rapide», a noté M. Kenney.

Assouplissements insuffisants

Le ministre de l'Immigration avait à peine quitté le bureau de la communauté haïtienne hier que, déjà, la grogne s'est fait entendre dans la diaspora. «Les assouplissements des règles sont vraiment insuffisants. On ne peut pas venir en aide à nos frères, nos soeurs, nos neveux et nos nièces qui sont dans une situation périlleuse en Haïti», a déploré Éric Faustin, directeur général du Regroupement des organismes canado-haïtiens pour le développement. Pour le moment, les citoyens canadiens peuvent faire une demande de réunification pour leurs parents, leurs grands-parents, leur conjoint, les enfants qui sont à leur charge ou des orphelins qui leur sont apparentés et qui ont moins de 18 ans.

 

MESURES EXTRAORDINAIRES D'IMMIGRATION

Voici en quelques lignes les mesures d'immigration mises en place à la suite du séisme haïtien.

- Les demandes de réunification familiale seront étudiées en priorité.

- Les demandeurs devront démontrer que les membres de leur famille admissibles à la réunification (conjoint, parents, grands-parents, enfants à charge, parents orphelins de moins de 18 ans) sont touchés par le séisme.

- Les dossiers d'adoption déjà en traitement seront aussi étudiés plus rapidement.

- Les visiteurs haïtiens au Canada peuvent demander sans frais une prolongation de leur visa de résidence temporaire.

- Tous les renvois vers Haïti sont suspendus.