L'équipe de Médecins sans frontières en Haïti vit beaucoup de frustrations. Deux avions avec des médicaments et de l'équipement médical ont été détournés en République Dominicaine hier. MSF estime avoir pris -bien malgré lui- 48 heures de retard au niveau des chirurgies.

«Nous sommes frustrés. Des docteurs ont des patients et ils n'ont pas les bons médicaments et le bon équipement pour faire des opérations», a indiqué ce matin dans une conférence de presse téléphonique le coordonnateur d'urgence Benoît Leduc.

«Nous allons perdre des gens au cours des prochains jours», craint-il.

Des gens avec des blessures ouvertes doivent être opérés dans les plus brefs délais. «Chaque minute qui passe augmente la possibilité que la gangrène se développe», a souligné Loris De Filippi, assistant-chef de mission et coordonnateur à l'hôpital Choscal dans Cité-Soleil.

Peu importe qui a empêché les avions de MSF d'atterrir l'aéroport de Port-au-Prince, MSF demande simplement que son matériel médical et chirurgical soit considéré comme hautement prioritaire. «Je sais que c'est un petit aéroport. Est-ce qu'on aurait pu être plus efficace? (...) Pour moi, être efficace, c'est faire atterrir nos avions» a fait valoir Benoît Leduc.

Les gens de MSF ne sont pas les seuls à critiquer le contrôle de l'aéroport par les États-Unis, qui s'est fait à la demande des autorités haïtiennes.

Le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, a déclaré en fin de semaine à Port-au-Prince qu'il avait remis une « protestation officielle » aux États-Unis pour avoir refoulé, samedi, un avion français chargé d'aide pour les sinistrés.

Sur les ondes de CNN, l'ambassadeur des États-Unis en Haïti a indiqué aujourd'hui que les États-Unis faisaient ce qu'ils pouvaient pour accueillir au plus vite l'aide internationale. «Nous regrettons que certains soient mécontents, mais nous avons pu répondre à leurs préoccupations», a déclaré l'ambassadeur Kenneth Merten.

Des missions exploratoires

Selon MSF, la situation est « réellement dramatique » et la tension monte dans les rues de Port-au-Prince.Outre les personnes blessées par le séisme, l'ONG a aussi accueilli des blessés par balles ou par des armes blanches. «Les gens sont choqués, tendus et désespérés. Ils sont dans la rue depuis six jours», rapporte Benoît Leduc.

Médecins sans frontières a aussi entamé en hélicoptère « des missions exploratoires» dans les villes environnantes de Port-au-Prince qui sont laissées à elle-même depuis le tremblement de terre de mardi, que ce soit Jacmel, Léogâne, Petit-Goâve et Grand-Goâve. «On a des équipes qui sont en train d'envoyer du matériel et des ressources humaines», a souligné Benoît Leduc.

«Il n'y a pas d'assistance en place et les besoins sont aussi grands qu'à Port-au-Prince, a précisé le coordonnateur d'urgence. Des besoins importants ne sont pas palliés.»

Jusqu'à présent, MSF a soigné plus de 4000 patients et effectué environ 500 chirurgies.

Avec l'Agence France-Presse