La situation de milliers de personnes dans les rues de Port-au-Prince accablées de soleil est «désespérée» tandis que les hôpitaux de la capitale haïtienne sont submergés par un flux incessant de blessés, a expliqué dimanche le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Sur la grande Place du Champ de Mars, couverte de milliers de personnes qui ont tout perdu, «la situation est désespérée», raconte un porte-parole du CICR sur place, Simon Schorno cité dans un communiqué.

«Certains ont trouvé un peu d'ombre mais la grande majorité est assise en plein soleil. Les odeurs d'urine sont oppressantes», ajoute M. Schorno qui a pu avoir accès à la plupart des quartiers de la capitale.

Selon le CICR, des dizaines de milliers survivants, craignant des répliques, ont passé leur cinquième nuit dehors malgré les milliers de corps en décomposition qui n'ont pas encore été ramassés.

«Il y a des corps gonflés en décomposition dans les rues, un liquide jaune coule de beaucoup d'entre eux. Les mobylettes et les voitures les contournent mais personne ne regarde», selon M. Schorno.

Au total, l'aide internationale massive attendue désespérément par les millions de personnes affectées tarde à arriver, reconnaît le CICR.

«L'accès à des tentes, à des toilettes, à de l'eau, de la nourriture ou encore à des soins médicaux reste extrêmement limité», selon les experts de l'organisme humanitaire sur place.

 Le CICR a commencé samedi à fournir de l'eau potable à 1 000 personnes et a distribué à deux hôpitaux des kits médicaux permettant de soigner 2 000 personnes durant un mois. De son côté l'ONU prévoyait de distribuer dimanche 39 000 tablettes de purification d'eau, a précisé à l'AFP une porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires, Elisabeth Byrs. Trente-trois 33 camions-citernes ont délivré de l'eau dans 19 points de Port-au-Prince, a-t-elle ajouté.

Le CICR, comme l'ONU, jugeait par ailleurs la situation dans les hôpitaux très préoccupante.

«Les structures médicales de Port-au-Prince manquent de personnels et de médicaments. Les hôpitaux sont débordés et plein à craquer», explique ainsi le CICR dans son communiqué.

Dans le seul hôpital de campagne opérant dans le quartier de Martissant, seuls quatre médecins sont présents pour 400 patients. «L'hôpital déborde de monde et des dizaines de blessés et malades attendent à la porte», souligne encore le CICR.

Une cinquantaine de médecins expatriés sont attendus «mais pour certains, ce pourrait être trop tard», ajoute-t-il.

Selon l'ONU, les trois hôpitaux de campagne qui ont été mis en place dans la capitale devraient être complétés prochainement par 7 autres. De son côté le CICR assiste 5 hôpitaux et cliniques qui n'ont pas été détruits à Port-au-Prince.

Le séisme de magnitude 7 qui a frappé Haïti mardi a fait, selon les autorités haïtiennes, 50 000 morts, 250 000 blessés et 1,5 million de sans-abri.