Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a annoncé samedi qu'Ottawa faciliterait dès maintenant l'arrivée d'Haïtiens en sol canadien, notamment par le biais du programme de réunification familiale.

Les demandes de Canadiens qui veulent rapatrier un parent proche seront traitées en priorité. Le traitement des dossiers actuellement en attente, environ 2000, sera accéléré, incluant dans les cas d'adoption d'enfants haïtiens par des familles canadiennes.

«En se basant sur des estimations faites à partir de mesures similaires mises en place lors d'autres désastres naturels, comme lors du tsunami, et en se basant sur le bassin de population éligible pour des demandes de parrainage, nous anticipons qu'entre 1000 et 5000 personnes pourraient présenter de nouvelles demandes», a souligné le ministre Kenney, en entrevue à La Presse.

La mesure s'adresse aux parents proches, c'est-à-dire à un citoyen canadien qui voudrait rapatrier un parent, un enfant, un époux ou un grand-parent, ayant été «sérieusement touché» par la catastrophe.

Alors que les demandes de réunification familiale peuvent prendre jusqu'à trois ans en temps normal, les dossiers accélérés pourraient se régler en quelques semaines voire deux ou trois mois, estime Ottawa.

Les résidents temporaires (travailleurs saisonniers, étudiants, visiteurs, etc.) n'auront pas non plus pour l'instant à se préoccuper du renouvellement de leur statut ou de leur permis de travail, qui sera facilité. «Habituellement, il y a toujours une limite au permis des résidents temporaires. Nous donnons à ces gens là une garantie qu'ils auront un statut légal au Canada même s'ils dépassent la limite de leur permis. Et nous allons accélérer leur demande pour prolonger leur séjour au Canada», a dit le ministre Kenney.

Ce dernier a aussi annoncé la suspension, temporairement, de tous les cas de renvois d'Haïtiens dans leur pays.

Mais si le gouvernement peut modifier les règles et faciliter, sur papier, l'immigration haïtienne, il sera beaucoup plus difficile de mettre en pratiques cette ouverture. Les bureaux d'Immigration Canada, sur place, sont inaccessibles, l'édifice de l'ambassade canadienne à Port-au-Prince ayant été évacuée par mesure de sécurité.

«La coordination sur le terrain et l'acceptation d'immigrants additionnels à partir d'Haïti sont extrêmement difficiles», a concédé le premier ministre Harper, en conférence de presse, samedi matin.

«Il est impossible de récupérer les dossiers qui se trouvent à Port-au-Prince», a renchéri le ministre Kenney.

Ottawa évalue actuellement la possibilité d'ouvrir un bureau satellite en République dominicaine, à Saint Domingue, la capitale, afin d'offrir des services aux Haïtiens qui souhaitent immigrer au Canada.

«Nous pensons qu'il nous faudra environ deux semaines pour rétablir la capacité de traiter les demandes d'immigration en provenance d'Haïti», a expliqué M. Kenney.

Une partie de la paperasse peut toutefois être remplie et traitée ici au Canada, a-t-il ajouté.

La porte-parole du NPD en matière d'Immigration, Olivia Chow, a salué l'initiative du gouvernement, la qualifiant de «démarche digne d'éloges», dans un communiqué. «Mais nous devons aller plus loin, a-t-elle ajouté. Le gouvernement n'a pas changé la politique pour permettre le parrainage des frères et soeurs. Les Canadiens considèrent leurs frères et soeurs comme faisant partie de leur famille. Nous devons les aider à les ramener à la maison.»