Ottawa a confirmé que six Canadien avaient péri dans le séisme de mardi, lors d'une conférence de presse sans précédent, samedi matin, où étaient réunis le premier ministre Stephen Harper, ses ministres des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, de la Défense nationale, Peter MacKay, de la Coopération internationale, Bev Oda, de l'Immigration, Jason Kenney, ainsi que le ministre d'État responsable des Amériques, Peter Kent. Les décès d'un enseignant de Drummondville et d'un policier de la GRC se sont ajoutés durant la journée.

Mais le bilan des pertes canadiennes pourraient s'alourdir, prévient le gouvernement fédéral.

«Nous gardons toujours espoir, mais la réalité, c'est que les espoirs de retracer les survivants diminuent d'heure en heure, a souligné le ministre Cannon. Au fur et à mesure que les heures fuient, la situation risque de changer considérablement.» Le bilan des Canadiens manquant à l'appel a été revu à la baisse ; les services consulaires estiment maintenant être sans nouvelle de 1362 ressortissants. Quelques 781 Canadiens ont été localisés, 460 ont été évacués à bord d'avions militaires (dont 196 qui ont quitté Haïti ce matin) et 50 ressortissants se trouvaient toujours sur le terrain de l'ambassade du Canada à Port-au-Prince, samedi matin.

Plus tard, on a confirmé la mort de Denis Bellavance, un enseignant de Drummondville. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a de plus confirmé le décès d'un deuxième policier en Haïti. Le corps du surintendant Douglas Coates a été retrouvé, en matinée, dans les décombres du quartier général des Nations Unies (ONU) dans la capitale Port-au-Prince.

Le ministère des Affaires étrangères estime à 6000 le nombre de Canadiens qui se trouvaient en Haïti au moment du séisme dévastateur.

«Alors que nous pleurons des morts, les Canadiens mettent tout en oeuvre pour donner espoir aux victimes», a pour sa part ajouté le premier ministre Harper Les forces armées canadiennes continuent d'envoyer sur place de l'équipement, de la nourriture, de l'eau et du personnel. Quelques 230 militaires sont déjà à l'oeuvre sur le terrain et 500 autres sont en route, par voie maritime.

Ottawa évalue actuellement la possibilité d'en envoyer plusieurs centaines d'autres, et il ne sera pas nécessaire de reconvoquer la Chambre des communes pour le faire, a expliqué le premier ministre. «La politique du gouvernement est d'avoir l'appui du parlement pour des actions dans une guerre ou un conflit militaire. Pour le déploiement des troupes dans une mission humanitaire, c'est différent. Nous n'avons jamais demandé au parlement un tel appui pour cela», a dit M. Harper.

Le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, a quant à lui annoncé que le brigadier-général Guy Laroche, réputé pour avoir dirigé les troupes canadiennes en Afghanistan, allait se rendre dès aujourd'hui à Port-au-Prince pour diriger la force interarmée opérationnelle.

L'aide canadienne sur le terrain s'organise tant bien que mal, avec comme priorités la sécurité alimentaire, l'assainissement des eau, l'établissement d'abris temporaires et les premiers soins. Les dons individuels de Canadiens aux organisations caritatives s'accumulent. Déjà 25 millions ont été amassés, a annoncé la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, une somme qui sera égalée par Ottawa. Le gouvernement s'est en effet engagé à donner autant que les Canadiens, jusqu'à concurrence de 50 millions de dollars.

Mais le premier ministre Harper a insisté sur la nécessité d'épauler Haïti sur le long terme, au-delà de l'aide humanitaire d'urgence, afin d'aider le pays à se reconstruire et se développer.

«Tout le monde reconnaît que de rester quelques années, stabiliser le pays, et ensuite s'en aller serait une approche désastreuse», a dit M. Harper en conférence de presse.

Selon lui, la communauté internationale est déterminée à ne pas répéter les erreurs de passé.

«Nos efforts aujourd'hui demeurent sur la recherche et le sauvetage, puis sur l'aide humanitaire d'urgence, mais un effort soutenu et accru en matière d'aide au développement devra suivre inévitablement, a-t-il conclu. Une des grandes tragédies, c'est que la communauté internationale avait le sentiment que certains progrès avaient été réalisés en Haïti dans les dernières années. Tout ça s'est effondré et nous devons reprendre du début.»