«Tremblements de terre en Haïti: mythe ou réalité?»

Tristement ironique que cet article du géologue haïtien Claude Prépetit, qui est toujours sur la page d'accueil du site internet du Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics d'Haïti.

«Chaque siècle passé a été marqué par au moins un séisme majeur dans l'île. Plus le temps passe, plus les risques d'un séisme destructeur s'accroissent, peut-on lire. Est-on aujourd'hui dans la période où l'énergie qui s'accumule depuis fort longtemps risque de se relâcher? (...) À suivre...»

 

Le document revient, en quelques dates, sur les nombreux tremblements de terre qui ont jalonné l'histoire d'Haïti - dont une quinzaine dans le seul XVIIIe siècle.

Cette histoire et le fait qu'Haïti soit situé à la jonction de deux plaques tectoniques - celles de l'Amérique du Nord et des Caraïbes - n'y changent rien. Les Haïtiens savaient que le ciel pouvait leur tomber sur la tête - les fameux ouragans... Mais que la Terre les secoue comme cela?

«L'imaginaire collectif haïtien ne saurait penser qu'il est dans l'ordre des choses que ces phénomènes naturels puissent se reproduire», en raison, notamment, «de sa méconnaissance de la menace sismique en Haïti», écrit M. Prépetit.

Pas de modèle unique

En entrevue hier, Fiona Ann Darbyshire, professeure au département de la Terre et de l'atmosphère de l'UQAM, a dit que si le risque était connu - pour Haïti comme pour une partie de l'Amérique du Sud et pour l'Indonésie, notamment -, il reste toujours très difficile de prévoir à quel moment un séisme va frapper. C'est que tous les tremblements de terre se comportent différemment.

Dans certains cas, ils sont précédés de petites secousses ou d'émissions de gaz qu'il serait possible de détecter si l'on prenait des mesures à ras le sol. Dans d'autres cas, rien de tel: le tremblement de terre survient d'un coup, sans préavis aucun.

Mme Darbyshire précise maintenant que les Haïtiens doivent s'attendre à d'autres secousses secondaires qui peuvent s'étaler sur plusieurs semaines. Jusqu'à maintenant, des répliques allant jusqu'à 5,9 ont été enregistrées dans la région de Port-au-Prince.

»Les coqs sont fous»

Sur sa page Facebook, à 12h28 hier midi - donc avant le tremblement de terre - Chantal Guy, journaliste à La Presse en reportage en Haïti, écrivait: «Les coqs sont fous. Ils hurlent à n'importe quelle heure, toute la journée!» Deux heures plus tard, à 14h21, elle ajoutait: «Sans oublier les chiens qui gémissent à s'en fendre l'âme.»

Lors du tsunami de 2005, en Asie, on racontait que les animaux avaient senti la chose et s'étaient rués vers les montagnes - ce qui avait été démenti par la suite.

En Haïti, les coqs, les chiens et autres bestioles ont-ils pu sentir quelque chose ou est-ce un mythe? Selon Mme Darbyshire, c'est documenté: les animaux peuvent sentir l'imminence d'un tremblement de terre, à condition qu'il s'annonce par de petites secousses préalables.