Le Chili a entamé dimanche un deuil national de trois jours pour les victimes du séisme et du tsunami avant l'investiture du «président de la reconstruction», Sebastian Pinera.

Les principales villes présentaient des drapeaux chiliens bleu blanc rouge ornés d'une étoile blanche, en berne. Et dans les églises de ce pays très catholique, de nombreux prêtres ont célébré des messes en souvenir des morts du tremblement de terre du 27 février.

Au total, 452 tués ont été pleinement identifiés, mais le bilan pourrait dépasser les 800 morts. Outre les pertes humaines, environ un demi-million de logements ont été détruits, obligeant leurs habitants à dormir dans la rue ou sous la tente, dans des conditions sanitaires qui se dégradent.

«Nous avons observé des cas de gastroentérite, des problèmes respiratoires et des anomalies cardiaques provoquées par les répliques», a expliqué Carlos Barra, médecin d'un centre de santé de Concepcion, la deuxième agglomération du pays.

Ailleurs, la vie revenait progressivement à la normale. L'électricité a été rétablie dans 80% du pays, selon Patricio Rosende, vice-ministre de l'Intérieur. Et la réduction de 18 à 13 heures du couvre-feu mis en place à Concepcion après les pillages des premiers jours attestait d'une amélioration de la sécurité.

Dans le quartier Palomares, des habitants menacés d'arrestations par la police ont d'ailleurs rendu dimanche des machines à laver automatiques, téléviseurs, fours, réfrigérateurs, matelas, chaises, tables et canapés pillés il y a une semaine en même temps que des produits de première nécessité.

Le séisme de magnitude 8,8 suivi d'un tsunami ont fait défiler sur les chaînes du monde entier des champs de ruines, des scènes de mises à sac de supermarchés et résidences, blessant au coeur la fierté nationale d'une population chilienne qui s'est vue renvoyer une image éloignée de celle qu'elle a d'elle-même.

Le pays se considère comme un modèle de stabilité politique et économique en Amérique latine depuis les années 1990, une référence dans la région.

Plusieurs secteurs économiques sont gravement touchés, comme la pêche. Sur la côte, le tsunami a emporté les bateaux, filets et moteurs de bateaux de pêche, laissant leurs propriétaires ruinés.

Le nouveau président Sebastian Pinera, entrepreneur multimillionnaire remplaçant Michelle Bachelet le 11 mars, devra s'atteler rapidement à la reconstruction du pays.

Face à la catastrophe, Mme Bachelet a déployé 14.000 soldats, bien accueillis par la population qui n'avait pas vu autant de militaires dans les rues depuis la dictature (1973-1990).

Mais les critiques se sont multipliées contre la «lenteur» de l'acheminement de l'aide, arrivée dans les zones sinistrées trois jours après le séisme, et du déploiement militaire contre les pillages.

Devant l'ampleur des dégâts, des milliers de Chiliens se sont portés volontaires pour aider les victimes dans les villages les plus touchés.

De Homer Simpson à la chanteuse colombienne Shakira, en passant par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ou l'écrivain chilien Isabel Allende: vedettes, politiques et sportifs ont également défilé à la télévision pour un Téléthon en faveur des sinistrés.

Des promesses de dons de plus de 30 milliards de pesos (41 millions d'euros) ont été enregistrées. A la fin, Mme Bachelet, très émue, et son successeur se sont pris dans les bras, avant d'entonner l'hymne national, tenant à deux le drapeau chilien.