Malgré les répliques sismiques, les ouvriers de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima ont commencé à pomper de l'eau hautement radioactive infiltrée dans les installations, tâche indispensable pour reprendre les travaux de rétablissement des systèmes de refroidissement.

Cette grave crise nucléaire et le désastre créé par un séisme et un tsunami géants pèsent lourdement sur la troisième économie mondiale, dont les perspectives ont été revues à la baisse mercredi par le gouvernement.

Le constructeur d'automobiles japonais Toyota a de son côté décidé de suspendre la production dans cinq usines européennes pour huit journées, fin avril et début mai, à cause d'un manque de pièces détachées venant du Japon.

Tokyo Electric Power (Tepco), propriétaire et opérateur de la centrale Fukushima Daiichi (N°1), a annoncé que les opérations d'évacuation de quelque 700 tonnes d'eau contaminée avaient commencé mardi à 19H30 locales (6H30 HNE, mercredi) dans une galerie technique souterraine reliée au réacteur 2.

Ce liquide hautement radioactif doit être transvasé dans un condensateur qui, dans des conditions normales d'exploitation, sert à transformer en eau la vapeur créée dans le réacteur, qui est ensuite réinjectée dans le circuit de refroidissement.

Le pompage est prévu pour durer 4 à 5 jours. Cette tâche délicate est compliquée par les répliques sismiques qui se succèdent dans cette région du nord-est du Japon.

Au total, quelque 60 000 tonnes d'eau ont inondé les souterrains, les canalisations et les salles des machines de trois des six réacteurs de la centrale.

«Nous faisons de notre mieux pour trouver un moyen de nous débarrasser de cette quantité massive d'eau polluée de substances radioactives et pour limiter les radiations», a déclaré le PDG de Tepco, Masataka Shimizu, lors d'une conférence de presse.

Les techniciens ont également prélevé de l'eau de la piscine de désactivation du combustible usé du réacteur 4.

«Ils ont fixé un récipient au bout du bras articulé d'une pompe à béton pour prendre un échantillon», a expliqué un porte-parole de Tepco. Cette opération vise à connaître l'état des 1 331 barres de combustible, avant d'examiner les moyens à mettre en oeuvre pour les extraire de la piscine.

«C'est l'objectif ultime», a-t-il précisé.

Les ouvriers de Tepco tentent depuis près d'un mois de rétablir l'alimentation électrique et les circuits de refroidissement des quatre réacteurs endommagés par la vague géante de 14 mètres qui a déferlé sur la centrale le 11 mars.

Située au bord de l'océan Pacifique, Fukushima Daiichi est l'une des plus anciennes centrales du Japon, son premier réacteur ayant été construit au début des années 1970.

Trois fortes répliques du «méga séisme» du 11 mars se sont produites dans la région lundi et mardi, interrompant les opérations sur le site et entraînant une évacuation temporaire du personnel.

Plus de 400 répliques de magnitude 5 et plus ont été enregistrées depuis le 11 mars et, selon les experts, les bâtiments de la centrale, déjà fragilisés, pourraient subir de nouveaux dégâts en cas de fortes secousses répétées.

Les autorités japonaises ont relevé mardi le niveau de gravité de l'accident de 5 à 7, degré maximum sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), qui correspond à la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Mais elles ont souligné que les fuites radioactives émanant de Fukushima Daiichi ne représentaient actuellement que 10% de celles du réacteur ukrainien.

Le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui a suivi ont dévasté les côtes Pacifique du nord-est de l'archipel, faisant plus de 28 000 morts et disparus et des dégâts colossaux.

Cette catastrophe, doublée d'un accident nucléaire, a stoppé la reprise économique en grippant la machine industrielle et en plombant le moral des consommateurs.

Dans son rapport économique du mois d'avril, le gouvernement a été contraint de réviser à la baisse tous les principaux critères d'appréciation ainsi que son évaluation globale de la conjoncture économique.