Le premier ministre japonais Naoto Kan s'est rendu samedi pour la première fois dans le nord-est dévasté par le séisme et le tsunami, et a visité un centre près de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima où la situation reste «très grave», selon l'AIEA.

Les techniciens pensent avoir découvert la source probable de la pollution de l'eau de mer en face de la centrale, où des taux anormalement élevés d'iode radioactif ont été détectés: une fissure de 20 cm sur la paroi d'un puits laissait s'échapper du liquide radioactif directement dans la mer, a annoncé Tokyo Electric Power (Tepco), le groupe privé qui exploitait l'installation nucléaire.

Arrivé en hélicoptère militaire dans un centre sportif à 20 km de la centrale, qui sert de base pour la lutte contre l'accident nucléaire, M. Kan s'est adressé aux techniciens, pompiers et militaires qui participent aux travaux.

«Je veux vous voir combattre avec la conviction que vous ne pouvez absolument pas perdre cette bataille», leur a-t-il dit. Ce combat «détermine le sort du Japon», a-t-il ajouté à l'adresse des militaires.

Le Premier ministre avait entamé sa tournée du jour dans le petit port de pêche de Rikuzentakata (préfecture d'Iwate), dont 10% des quelque 24.500 habitants sont morts ou portés disparus.

La ville a été quasiment rayée de la carte par une vague géante et seuls quelques immeubles de béton sont restés debout.

M. Kan avait survolé des zones sinistrées le lendemain du désastre du 11 mars, mais avait ensuite dû annuler une visite sur place à cause du mauvais temps.

À Rikuzentakata, il a rencontré des pompiers volontaires et des sinistrés qu'il a promis d'«aider jusqu'au bout».

Il a également fait une étape dans une école maternelle accueillant des rescapés dont l'une, Michie Sugawara, a fait part de son angoisse pour l'avenir.

«J'espère que le gouvernement sera fort pour reconstruire notre ville et nos emplois», a-t-elle confié à l'AFP. «Il y a beaucoup de chemin à parcourir car c'est un désastre sans précédent. J'espère qu'il ne nous oubliera pas, j'attends un soutien à moyen et long terme».

Le chef du gouvernement a annoncé qu'il envisageait de soutenir l'industrie aquacole touchée de plein fouet par le tsunami géant, comme les éleveurs de coquilles Saint-Jacques ou les fermes ostréicoles.

Plus tard, dans le vaste complexe sportif réquisitionné pour servir de base arrière aux opérations sur la centrale de Fukushima Daiichi (Fukushima 1), il a aussi rencontré des employés de l'opérateur Tepco, qui luttent pour refroidir quatre des six réacteurs et empêcher une catastrophe nucléaire.

«Je vous remercie pour votre travail formidable. Nous devons à tout prix contenir (toute propagation) et tenir bon jusqu'à ce que nous puissions montrer que notre pays a surmonté le séisme et le tsunami», leur a déclaré M. Kan, cité par l'agence de presse Jiji.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé pour sa part que la radioactivité dans le village d'Iitate, situé à 40 km de la centrale, avait diminué à un niveau inférieur aux limites de sécurité.

Mercredi, l'AIEA avait signalé un taux de radiations «justifiant une évacuation» à Iitate, mais le gouvernement nippon avait exclu d'élargir pour l'instant le périmètre d'évacuation de 20 km autour de la centrale.

Le directeur général de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, a néanmoins prévenu que la situation restait «très grave» à Fukushima.

L'Allemagne et le Japon ont annoncé qu'ils allaient coopérer dans le domaine de l'élaboration de normes internationales de sécurité nucléaire, à l'occasion d'une visite à Tokyo du chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle.

L'accident de Fukushima s'est produit après qu'un raz-de-marée de 14 mètres eut inondé la centrale, entraînant une panne du système de refroidissement des réacteurs et des générateurs de secours.

Le personnel injecte régulièrement de l'eau dans les réacteurs et arrose les piscines de combustible usé afin de les empêcher de chauffer, ce qui pourrait provoquer une catastrophe nucléaire de grande ampleur.

Mais ce déversement massif d'eau, devenue radioactive au passage, a partiellement inondé les salles des machines des réacteurs et des galeries souterraines, rendant beaucoup plus difficile le travail des techniciens.

Plus au nord, les armées japonaise et américaine continuent de rechercher des victimes du tsunami le long de la côte. Samedi, ils ont retrouvé 17 corps en mer et 40 sur le rivage.

Trois semaines après le gigantesque séisme de magnitude 9 et le tsunami de plus de dix mètres qui ont dévasté le nord-est de la grande île de Honshu, le bilan toujours provisoire de la police s'établissait à 11 828 morts confirmés et 15 540 disparus.

Seule bonne nouvelle de la journée: un chien qui dérivait sur un débris de toit d'une maison a été secouru par les garde-côtes nippons à 2 km de la côte.