Le président français Nicolas Sarkozy est arrivé jeudi à Tokyo pour exprimer sa «solidarité» aux autorités japonaises, qui se débattent en pleine catastrophe nucléaire trois semaines après un gigantesque séisme et un énorme tsunami qui ont ravagé le nord-est de l'archipel.

Le patron en exercice des G8 et G20 a profité de sa présence à Nankin (est de la Chine) pour un séminaire sur la réforme du système monétaire international pour effectuer ce bref crochet dans la capitale nippone, où il a rencontré la communauté française et le Premier ministre japonais Naoto Kan.

Mercredi en Chine, Nicolas Sarkozy a motivé son passage au Japon par sa volonté de «porter l'expression de la solidarité de la France à l'endroit de nos amis japonais, qui ont été frappés par une catastrophe considérable et qui ont fait face à cette catastrophe avec dignité et avec courage».

Cette visite intervient alors que la PDG du numéro un mondial du nucléaire Areva, Anne Lauvergeon, est arrivée mercredi au Japon avec une équipe d'experts.

Ces spécialistes, sollicités très récemment par l'opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco), doivent apporter leur concours technique aux équipes japonaises pour traiter les eaux fortement radioactives qu'elles ont déversées sur le coeur des réacteurs de la centrale de Fukushima, à 250 km au nord de Tokyo, pour empêcher à tout prix leur fusion.

Nicolas Sarkozy arrive au Japon avec sa ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et une brochette d'experts nucléaires chargés de faire un état des lieux des besoins japonais.

Si l'accident nucléaire de Fukushima, le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986, a relancé dans le monde entier la peur du nucléaire et un débat sur son avenir, M. Sarkozy reste lui un farouche partisan de l'atome civil, qui produit environ 80% de l'électricité française.

Ces derniers jours, il a toutefois souhaité que le G20 tire collectivement les enseignements de cette catastrophe et de son impact sur l'équilibre énergétique et l'économie mondiale. Un G20 ministériel doit se réunir pour étudier cette question au printemps à Paris.

Lors d'un discours à l'ambassade de France à Tokyo, M. Sarkozy a proposé une réunion des autorités nucléaires des pays du G20, en mai à Paris, pour définir une «norme de sûreté nucléaire internationale».

Le président français et son homologue chinois Hu Jintao ont décidé mercredi de travailler «main dans la main» pour porter la sécurité nucléaire «à un niveau d'exigence absolue en Europe comme en Chine». Et, en dépit de la catastrophe japonaise, ils se sont promis «d'approfondir» encore un peu plus leur coopération en la matière.

Comme il s'en est fait la spécialité, le chef de l'État français en a même profité pour vanter une fois encore la sûreté des réacteurs français EPR, dont deux exemplaires sont en cours de construction en Chine.

La visite de Nicolas Sarkozy au Japon est la première d'un chef d'État ou de gouvernement étranger depuis la catastrophe du 11 mars. Il avait déjà été l'un des premiers à se rendre en Haïti en février 2010, un mois après le séisme qui a fait plus de 200 000 morts dans la région de Port-au-Prince.

Ce séjour de quelques heures à Tokyo fournira aussi à Nicolas Sarkozy l'occasion de combler un vide de son bilan diplomatique. S'il s'est rendu à cinq reprises en Chine, il n'a, depuis son élection, jamais visité le Japon, hormis pour le sommet du G8 à Toyako en 2008.