Le gouvernement japonais a exclu jeudi d'élargir dans l'immédiat la zone d'évacuation autour de la centrale accidentée de Fukushima, qui devra être démantelée une fois le danger enfin écarté, a estimé le Premier ministre Naoto Kan.

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a prévenu qu'elle avait mesuré des niveaux de radiations «justifiant une évacuation» à 40 km au nord-ouest de la centrale Fukushima Daiichi (N°1).

«Je ne pense pas que ce soit quelque chose de nature à exiger une telle action», a répondu jeudi le porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano.

«Mais le fait que le niveau de radiations dans le sol soit élevé conduit inévitablement à soulever la possibilité qu'une accumulation (de radiations) à long terme puisse être dangereuse pour la santé», a-t-il ajouté.

L'AIEA a annoncé mercredi que le taux mesuré dans le sol par ses soins dans le village d'Iitate atteignaient 2 mégabecquerels par mètre carré, soit le double du niveau à partir duquel l'agence recommande l'évacuation.

Les autorités nippones n'ont pour l'instant fait évacuer qu'un rayon de 20 km autour de la centrale, conseillant aux habitants situés entre 20 et 30 km de rester cloîtrés chez eux ou de partir.

L'organisation écologique Greenpeace a également recommandé au gouvernement une extension d'au moins 10 km de la zone d'évacuation, sur la base de ses propres mesures.

Le Premier ministre nippon, Naoto Kan, a affirmé jeudi que la centrale en péril devait être démantelée, lors d'un entretien avec le chef du Parti communiste nippon, a rapporté l'agence de presse Kyodo.

Les niveaux de radioactivité continuent par ailleurs d'augmenter en mer à proximité de la centrale, selon l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), qui a mesuré une concentration en iode radioactif 4.385 fois supérieure à la norme légale.

Il s'agit du niveau d'iode 131 le plus important depuis le début de l'accident nucléaire, déclenché par un séisme de magnitude 9 et un tsunami qui ont provoqué une défaillance des systèmes de refroidissement des réacteurs.

Les techniciens qui luttent depuis vingt jours pour réparer ces matériels sont enfermés dans un cercle vicieux: il est vital de refroidir le combustible des réacteurs, mais plus ils utilisent d'eau, plus les nappes radioactives augmentent. Et moins ils injectent d'eau, plus la température augmente dans les réacteurs.

Confrontés à cette situation sans précédent, les autorités et techniciens japonais ont requis l'aide d'experts étrangers.

La présidente du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon, est arrivée mercredi à Tokyo, avec des spécialistes du traitement des eaux contaminées.

Areva prévoit d'amplifier son soutien technique à Tepco, a déclaré jeudi à l'AFP le président d'Areva Japan, sans entrer dans les détails. «On intervient auprès de Tepco comme support et nous répondons à leurs demandes qui ont tendance à augmenter», a expliqué Rémy Autebert.

Le ministère américain de l'Énergie a pour sa part mis à la disposition du Japon des robots résistant aux radiations, capables de pénétrer à l'intérieur des réacteurs dans des endroits où la radioactivité est trop élevée.

Une unité de Marines spécialisée dans les situations d'urgence nucléaire devrait enfin quitter les États-Unis jeudi pour le Japon.

Arrivé jeudi à Tokyo pour exprimer sa «solidarité» aux autorités japonaises, le président français, Nicolas Sarkozy, a proposé une réunion des autorités nucléaires des pays du G20, en mai à Paris, pour définir une «norme de sûreté nucléaire internationale».

«Il est absolument anormal que ces normes internationales de sûreté n'existent pas», a-t-il ajouté.

Sur les terres sinistrées du nord-est, les recherches et identifications des corps des victimes de la catastrophe du 11 mars se poursuivaient. Le dernier bilan provisoire de la police nationale fait état de près de 28.000 morts et disparus, dont 11.417 décès confirmés.