La contamination radioactive de certains aliments au Japon est «beaucoup plus grave qu'on ne l'a cru dans les premiers jours», a indiqué hier un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «Le Japon va devoir décider rapidement de ne plus utiliser les aliments qui proviennent des zones peut-être contaminées», a ajouté un de ses collègues.

Leurs propos font suite à la découverte, à plus de 100 km de la centrale défectueuse de Fukushima, d'épinards contenant 27 fois la limite légale d'iode radioactif. Puisque la situation est toujours critique, les dommages pourraient s'étendre encore. Le point.

Q: Dans quelle mesure les aliments japonais sont-ils atteints?

R: Les Japonais ont détecté de l'iode radioactif et, dans une moindre mesure, du césium dans des épinards, des oignons verts, des feuilles de chrysanthème, des graines de canola, du lait et dans l'eau du robinet de localités situées à plusieurs dizaines de kilomètres de la centrale. Des traces de radioactivité ont même été trouvées dans l'eau du robinet de Tokyo, à 240 km des réacteurs en surchauffe.

Dans certains cas, les taux enregistrés étaient 3, 8 et même 27 fois supérieurs à la limite permise. Généralement, notamment à Tokyo, ils étaient toutefois inférieurs. C'était aussi le cas d'une cargaison de fèves légèrement radioactives, interceptée et détruite par Taiwan.

Puisque les animaux peuvent inhaler de la poussière radioactive et se nourrir de végétaux contaminés, les oeufs et la viande doivent aussi être testés,indique l'OMS.

Q: Quels sont les risques pour la santé?

R: Les risques dépendent du type d'aliment consommé (certains végétaux n'absorbent pas les minéraux radioactifs), du degré de radiation décelé et de la quantité consommée.

Les autorités japonaises affirment que manger des aliments contaminés n'est pour l'instant pas plus dangereux que de passer une scanographie médicale. "Une exposition de courte durée à des radiations élevées ne pose pas de risque pour la santé à court terme", a dit en matinée un officiel de l'OMS à l'AFP.

Des délais qui permettraient à des aliments fortement contaminés de se rendre jusqu'aux consommateurs présenteraient de grands risques, surtout pour les enfants, a dit peu après à l'Associated Press un autre officiel de l'OMS. D'après lui, la consommation répétée de certains produits est plus dangereuse pour la santé que les particules radioactives en suspension dans l'air, qui se dissipent en quelques jours.

Q: Comment les autorités réagissent-elles?

R: Le Japon a déjà bloqué la vente de lait, d'épinards et de graines de canola en provenance de différentes préfectures autour de la centrale. Les autorités ont aussi demandé à certains résidants d'arrêter de boire l'eau du robinet.

À l'extérieur du pays, des hôtels de luxe et une chaîne de restaurants de sushis ont déjà stoppé leurs importations. La semaine dernière, les États-Unis, l'Union européenne et de nombreux pays d'Asie ont tous annoncé qu'ils feraient des tests de radioactivité sur les produits importés du Japon.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments ne fait encore aucun test du genre. Pour l'instant, les Canadiens ne courent aucun risque, dit-elle, notamment parce que la catastrophe a stoppé les exportations japonaises vers le Canada. Lorsque celles-ci reprendront, l'Agence compte consulter ses partenaires avant de décider s'il y a lieu de procéder à des tests.

Q: Quels aliments le Canada importe-t-il du Japon?

R: En 2010, le Canada a importé pour 42,6 millions de dollars d'aliments du Japon, surtout des enzymes, de l'huile de sésame, des sauces, des pétoncles et du thé vert. Cela représente moins de 0,3% de toutes nos importations alimentaires.

Q: Dans combien de temps le danger sera-t-il écarté?

R: Certaines substances radioactives se désintègrent très rapidement. L'iode perd par exemple la moitié de sa radioactivité tous les huit jours. Trois ou quatre mois après les derniers rejets dans l'atmosphère, il devrait donc avoir disparu du sol et des cours d'eau et ne plus contaminer les plantes.

Le césium, lui, reste radioactif durant plusieurs décennies. Cela explique que de vastes zones restent interdites autour de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, qui a explosé en 1986.

Avec l'AP et l'AFP