La contamination radioactive du lait et des légumes en provenance des préfectures entourant la centrale Fukushima Daiichi est plus grave que prévu, a annoncé dimanche le gouvernement japonais, alors que les efforts pour refroidir les réacteurs semblaient progresser.

Des épinards contenant 27 fois la limite légale d'iode radioactif ont été testés dans la ville d'Hitachi, située à 100 kilomètres au sud de la centrale nucléaire. La consommation n'aurait pas d'impact sur la santé humaine, selon les autorités, qui en ont toutefois bloqué la vente.

Des niveaux de 54 000 becquerels ont été détectés dans les épinards, alors que la limite légale est de 2000 becquerels. Dimanche, les autorités ont aussi signalé que du colza et des chrysanthèmes contaminés avaient été décelés dans la région.

En point de presse, dimanche  soir, le secrétaire général du cabinet, Yukio Edano, a affirmé que le gouvernement annoncerait bientôt une politique sur les produits maraîchers qui proviennent des zones touchées.

Des légumes ont pu être exportés avant d'être testés, a de son côté reconnu le ministre de la Santé du Japon, Yoshifumi Kaji. Il a appelé la population à rester calme, car les produits contaminés doivent être consommés sur une très longue période avant d'avoir des effets néfastes sur la santé humaine.

Situation tendue

La situation demeure tendue à la centrale Daiichi, où des progrès ont été réalisés, dimanche. Les réacteurs 1, 2, 5 et 6 sont désormais refroidis par un système d'appoint branché durant la fin de semaine. Les réacteurs 3 et 4, plus problématiques, sont toujours arrosés par des équipes d'urgence.

Selon le directeur de la commission nucléaire américaine, Gregory Jaczko, les niveaux de radioactivité enregistrés près de la centrale sont toujours élevés, mais seraient en train de diminuer.

«Nous avons des indications qui montrent que les niveaux baissent légèrement, a-t-il dit, hier. Il est difficile d'avoir des informations.»

Dimanche, l'agence Kyodo a rapporté que 6 travailleurs de la centrale ont été exposés à des doses de radiation excédant 100 millisieverts, et ont été affectés à des tâches différentes. Le gouvernement autorise des doses de 250 mSv pour les travailleurs.

Miraculés

Dans l'intervalle, le nombre total de morts et de disparus a grimpé à 21 359, selon les autorités.

Les secouristes japonais ont découvert une grand-mère et son petit-fils sous les décombres d'une maison, où ils sont restés piégés pendant neuf jours après le séisme, a annoncé la police.

Sumi Abe, 80 ans, et Jin Abe, 16 ans, ont eu la chance de se trouver dans la cuisine lorsque la maison s'est effondrée le 11 mars en début d'après-midi. Ils ont pu survivre en vidant le réfrigérateur.

Les vivres envoyés par la communauté internationale commencent à atteindre les zones dévastées, selon les autorités. Plus de 25 000 couvertures en provenance du Canada, 30 000 paquets de riz préparé et 230 000 bouteilles d'eau de la Corée du Sud et 500 génératrices de Taiwan sont arrivés sur place, selon le gouvernement japonais.

Le gouvernement critiqué

Le premier ministre Naoto Kan devait se rendre par hélicoptère dans les préfectures de Fukushima et Miyagi, lundi, mais sa visite a été annulée en raison de la pluie.

M. Kan n'a toujours pas visité les zones touchées par le séisme et le tsunami. Son bureau dit qu'il est occupé en permanence par le dossier de la centrale nucléaire en détresse.

Aux yeux des sinistrés, toutefois, le gouvernement fait preuve de détachement. Les informations arrivent lentement. Dans bien des centres de réfugiés, ce sont les gouvernements locaux qui assurent l'aide et la coordination.

Le public se montre également mal à l'aise à l'égard de l'apparente faible emprise des autorités sur la société Tokyo Electric, propriétaire de la centrale, a souligné dimanche le Japan Times.