Les pays asiatiques tentaient mercredi de rassurer des populations alarmées par un canular, après l'accident nucléaire au Japon dont les retombées psychologiques dépassaient largement le risque radioactif réel.

Partout en Asie, la panique s'est emparée de nombreux habitants, à la réception d'un message envoyé par SMS et courrier électronique.

Présenté comme émanant d'un média étranger, ce message appelait les Asiatiques à «prendre leurs précautions» et notamment à se badigeonner la région de la thyroïde avec de l'iodure de potassium.

Le média en question a publié une mise au point en forme de démenti, mais les réactions en chaîne n'avaient pas attendu.

«Le proviseur a renvoyé les enfants du lycée vers 15h00, mais c'était une fausse alerte», a témoigné Cielito Aglipay, mère d'un élève, dans la ville de Batac, au nord des Philippines.

Venant semble-t-il des Philippines, dont la capitale Manille se situe à 3.200 km de la centrale de Fukushima, ce dangereux canular a déclenché une très rapide réaction des autorités dans toute la région.

La ministre philippine de la Justice, Leila de Lima, a promis la plus grande sévérité pour les auteurs du message. «En ces temps difficiles, face à de tels désastres, nous ne voulons pas que des informations sans fondement puissent encore exacerber la situation», a-t-elle déclaré.

La Corée du Sud a également appelé sa population au calme et rappelé que la diffusion de tels messages infondés était passible d'un an de prison.

En Chine, le terme «fuite nucléaire» était censuré mercredi sur sina.com, le principal site de micro-blogging en Chine, vraisemblablement pour tenter d'éviter un emballement. Le danger radioactif était toutefois le sujet le plus débattu dans les forums de discussion.

De nombreux pays de la région, comme Taïwan, à 2.200 km de Fukushima, mais aussi l'Inde, Singapour, la Thaïlande ou la Corée du Sud, pays voisin le plus proche du Japon, à 1.000 km de la centrale, ont tenté de rassurer leur population en annonçant des tests de radioactivité sur les produits alimentaires importés de l'archipel.

Un peu partout, les produits japonais s'arrachent de peur que les prochaines livraisons soient contaminées.

Ayant renoncé à acheter du lait chinois après le scandale du lait contaminé, les parents de jeunes enfants qui s'étaient repliés sur son concurrent japonais ont pris d'assaut à Hong Kong les pharmacies et supermarchés vendant du lait maternisé nippon.

Objectif: en stocker le plus possible de crainte qu'il ne soit plus disponible à l'avenir car contaminé.

Le danger radioactif, réel ou supposé, demeurait un sujet de vive inquiétude dans les populations locales comme chez les expatriés.

À Hong Kong, à 3.000 km de la centrale de Fukushima, malgré les messages rassurants des autorités, de nombreuses familles d'expatriés ont déjà réservé des billets pour rentrer en Europe.

Le lycée français de Hong Kong et celui de Bangkok s'apprêtaient pour leur part à accueillir des enfants ayant quitté Tokyo, ont-il annoncé sur leur site internet.

La Chambre de Commerce française de Hong Kong a également indiqué que ses membres s'étaient mobilisés pour offrir une quarantaine de chambres chez l'habitant à des familles venant du Japon.

Des sites internet comme couchsurfing.org offraient également des hébergements, notamment en Australie, aux États-Unis. Voire au Moyen-Orient.